Comment faire Face aux Manipulateurs de l'Invisible

Extraits du livre "La Lumière sur le Royaume ou Pratique de la Magie Sacrée au quotidien" d'Alexandre Moryason - Copyright Alexandre Moryason - 1992 - pages 439 à ... reproduits ici avec l'aimable autorisation de l'Auteu

Article d'Alexandre Moryason paru dans la revue "Autre Monde" No 112 Deuxième Trimestre 1987

"..Nous souhaitons que ces pages ne soient pas comprises comme une exhortation messianique, mue par un millénarisme craintif ainsi qu'il s'en fit en Europe, il y a presque mille ans... Il ne s'agit pas d'annoncer la "fin du monde" mais "la fin d'un certain monde"...


UN AVERTISSEMENT POUR "L'HONNÊTE HOMME" D'AUJOURD'HUI ET DEMAIN

Sous diverses Éditions, depuis quelques années, fleurissent à l'envie, des livres offrant une multitudes de recettes "magiques", exhumant parfois d'anciens grimoires et dépoussiérant talismans, formules et écritures mystérieuses à l'effet de nous permettre de vaincre les divers obstacles qui jalonnent nos pauvres vies.

De même que certains, en France, veulent entrer à l'École Nationale d'Administration ou à l'École Polytechnique pour acquérir une position matérielle et sociale importante et exercer ainsi une autorité et une influence sûres dans l'existence, d'autres s'acharnent à vouloir conquérir les secrets du Ciel et de la Terre dans un but identique : posséder le pouvoir de réaliser et d'être.

La notion de pouvoir pour mieux vivre est donc, on le comprend aisément, l'assise de tout processus de vie. Cependant, jamais comme en cette fin de siècle, elle n'a eu autant d'acuité car la puissance souhaitée ou exigée est totale et dispose, pour asseoir son absolutisme, au sein des mondes civil et militaire, d'un arsenal technique et psychologique qu'aucune époque de notre histoire connue ne lui a offerte à ce jour. Ce pouvoir se devra de régir non seulement la vie matérielle et sociale des êtres mais aussi et surtout leur conscience quel que soit, d'ailleurs, le système politique et économique en vigueur.

Cette course au pouvoir, par l'intermédiaire des Sciences Occultes et plus précisément de la Magie, non seulement n'est pas répréhensible mais paraît être, dans un sens, le pressentiment qu'a l'Humanité de son proche devenir. En effet, par un jeu qu'il sera peut être difficile d'expliquer en si peu de pages, la Connaissance, au sens global du terme, c'est à dire l'appréhension des plans invisibles et de leur fonctionnement respectif, constituera, à moyen terme, l'enjeu par lequel les hommes basculeront ou ne basculeront pas sous le joug de plus puissants qu'eux, ceux qui ont ou auront, développé leurs facultés psychiques et mentales pour en faire un usage essentiellement destructeur de la nature humaine profonde.

Il convient donc de rappeler certains faits afin qu'une compréhension plus large des réalités de notre planète nous permette tous, autant que nous sommes, de nous préparer d'établir, pour nos enfants et ceux que nous aimons, les fondements d'une éducation à l'éthique élevée, contrastant nécessairement avec la décadence croissante de notre temps. Ceci nous aidera à saisir ce qu'est la Véritable Magie laquelle, n'en déplaise à certains, n'est pas un jeu purement mental, un placebo psychologique ou l'usage de recettes neutres et amorales, destinées à provoquer le bien ou le mal, indifféremment.

LE BIEN ET LE MAL

Le problème du mal, sous des masques divers, a hanté tous les siècles. Il se pose à l'échelle humaine et celle de notre planète, certes, mais aussi au regard d'espaces plus vastes tels qu'un système solaire ou d'étendues immenses que le terme "Cosmos" tente de définir.

En effet, le champ d'investigation de la "métaphysique" n'est aucunement limité au caractère sensible des phénomènes et cette discipline scrute aussi bien la position de l'homme sur terre que l'ordre du Cosmos en son entier. Aussi, le problème du mal se pose-t-il également au plan universel.

C'est en considérant, donc, l'ordre cosmique des choses et non uniquement le processus terrestre, qu'il faut rechercher l'origine possible de cet "état" négatif que la subjectivité humaine a qualifié de "Mal". Les aspects inharmonieux d'un thème astrologique, d'ailleurs, semant douleur et parfois destruction et vécus en tant que "mal" par l'individu concerné, nous font pressentir que ce "Mal" peut être ordonné par la position des Étoiles et qu'il n'est pas essentiellement inhérent à la condition terrestre.

Cependant, définir le Mal appelle aussitôt une définition corollaire du Bien car, et c'est une première clé peut-être, l'un ne se conçoit et ne se ressent pas sans l'autre, pas plus que la Lumière n'est perceptible sans la présence des Ténèbres.

Est-ce là une approche relativiste du mal ? peut-être la raison pure nous y amène-t-elle malgré nous, malgré nos mythes et la survivance d'un vieux manichéisme simplificateur.

Le Bien lui-même, qu'est-il, en effet ? L'Homme, dans un pressentiment sans doute sublime, en est plus souvent venu à concevoir comme tel l'exigence de sa conscience quant à des impératifs éthiques ou spirituels, au détriment de la satisfaction de ses propres désirs charnels et matériels, de son confort et esthétique, inhérent à la structure même de l'Univers et auquel les humains essaieraient, plus moins adroitement, de se conformer.

L'idée, donc, d'une "Harmonie" existant ou devant exister entre le "Tout" et les "Parties", entre l'Univers et les conditions de vie d'une planète et donc de ses habitants, bref, entre Dieu et l'homme, relève non seulement de cette conception "Mystique" mais aussi de la simple définition, plus prosaïque, du bonheur ; celle-ci sous-entend l'instauration d'une double Harmonie (interne à l'individu et entre ce dernier et son environnement apportant avec elle la "Joie" et le "Bien-être" Le corps social, d'ailleurs, n'est-t-il pas l'objet du "bien politique" ? en conséquence, le concept "d'Harmonie", porteuse d'un accomplissement, immédiat ou futur, semble inséparable de celui du "Bien".

L'idée du "Mal", au contraire, s'impose, et ce, dans le vécu comme dans l'abstraction, comme celle de la "dissonance", de l'inharmonie douloureuse et inconfortable, s'exprimant dans le cadre du "Tout" et de ses "Parties", soit l'Univers, soit la Terre et l'Homme. Le "Mal", fût-ce dans le mythe de l'Enfer, est tel parce qu'il a amené à autrui, la souffrance ("ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît...") et conduit à la souffrance..."éternelle"...

Si Lucifer incarne le "Mal", c'est en raison de son opposition à l'Harmonie prévue par Dieu et qu'il tente, par tous les moyens, de la briser. Nos mythes et nos légendes qui témoignent, en apparence du moins, du stade infantile de la pensée humaine, sont peut-être porteurs d'une profonde intuition en véhiculant le message de ce conflit permanent, envahissant le Ciel et la Terre, où s'affrontent Titans et Dieux, Ahura Mazda et Arihman, Osiris et Seth, Dieu et Satan. Sont-ils de simples projections de la Psyché humaine ou bien la psyché humaine n'est-elle, elle-même, qu'une mémoire des divers états du Cosmos dont elle perçoit, par reflet, les "cataclysmes" ?

Nous vivons dans un monde "en devenir" dont l'évolution de la matière et de la psyché se fait parfois si vite qu'une vie d'homme permet d'en être le témoin. En considérant donc, ces transformations rapides, la question fondamentale, sous-en-tendant celle du Bien, est : "Cette Évolution, ces changements, suivent-ils un Plan donné et préétabli ?" ou bien : "Un Grand Dessein ne se cache-t-il pas derrière toute Existence ?"

La seule présence de l'homme porte déjà en elle-même une réponse qui nous permet d'écarter provisoirement la réflexion sur une "cause première" : l'être humain a en lui son propre "projet" d'Harmonie Universelle, de progrès et d'épanouissement bien que les modalités et le contenu de cette réalisation soient l'objet d'un autre débat.

Or ce projet d'Harmonie, de dessein inscrit dans l'homme, exprime toujours l'Absolu du Bien et ceci n'est possible qu'en tant que "reflet d'un Archétype inné". A l'évidence, il ne viendrait à aucun esprit doué de raison d'envisager comme souverain bien un progrès dans la souffrance, l'inharmonie et la destruction. "Le Mal serait alors le Bien ; on appellerait lâcheté l'oubli des injures ; bassesse, la modestie ; la charité se verrait réputée honteuse faiblesse ; la chasteté, taxée d'infamie...Pour les vices, tout à rebours : l'orgueil deviendrait grandeur d'âme ; l'avarice, prévoyante sagesse ; l'arrogance et la colère serait la marque d'une âme généreuse ; l'intempérance et la luxure, garanties de belle santé physique et morale ; la ruse et le mensonge, enfin, preuves d'habileté, de finesse et d'esprit". (Stanislas de Guaîta, "Le Temple de Satan".

En conséquence, le maintien de la Vie, le Progrès de la Conscience et son Harmonisation avec son environnement micro et macrocosmique sont donc le Bien.

Le Mal est, a contrario, ce qui les compromet. L'immense problème qui se pose alors à nous tous est d'identifier les facteurs d'un tel échec que constituerait, inversement, la victoire des "forces du mal".

Cette question fut soumise, nous rapporte un Grand Instructeur, dans l'ashram d'un Grand Être par un disciple. La réponse se fit en ses termes : " Seuls les fils des hommes connaissent la distinction entre la Magie de la main droite (action par et pour le Bien) et celle de la Main Gauche (action par et pour le Mal)" et quand il sont réalisés (quand ils ont atteint un très haut degré de conscience), ces deux voies disparaissent. Quand les fils des hommes sauront la différence entre la substance et la matière, la leçon de notre ère sera sue. Il restera d'autres leçons mais celle-ci sera dépassée. La matière et la substance constituent ensemble la voie des Ténèbres. La substance et le Dessein (Plan Divin) unis ensemble indiquent la voie de la Lumière. " (Alice A. Bailey "Traité sur la Magie Blanche")

Qui ne reconnaîtrait ici, sous un tour plus subtil, le vieux dualisme "esprit-matière" et la lancinante question de leur rapport ? Au demeurant, ce dualisme existe-t-il encore de nos jours ? Ne se serait-il pas métamorphosé en un "monisme" catégorique lequel, après la suppression de cet "esprit" si mortifiant, voit enfin l'apothéose de la seule et attirante "matière" ? En effet, l'homme et la matière semblent faire si bon ménage que des pans entiers de la philosophie contemporaine ne songent qu'à en célébrer l'alliance et l'épanouissement mutuel.

Comment ignorer, cependant, la perspective cosmique et celle d'un ordre de l'Univers où l'Esprit, vecteur de la Conscience (fut-il un épiphénomène de la physiologie limitée à la durée de la vie physique) peut avoir avec la matière un rapport évolutif, ainsi qu'en témoigne l'évolution des espèces, tout particulièrement humaine !

L'action de l'Esprit dans le processus de l'évolution se reconnaît principalement à la rupture, par chaque espèce, de ses limites antérieures dans un dépassement permanent de ses facultés de perception et de maîtrise de son environnement. Cet environnement est, en fait, ce Tout qui nous entoure, la Nature, la Planète et l'Univers entier.

Aussi, l'Intelligence, au sens réel du terme et non cet intellectualisme qui ne cesse d'organiser le monde, malgré la léthargie de 90 % de nos capacités psychiques et mentales, nous commande-t-elle de considérer l'Univers, visible et invisible (encore), comme notre futur champ d'investigation, que ce soit avec notre corps physique ou avec notre Conscience.

Le Bien apparaît donc comme le Processus d'Évolution, suivant un Plan Cosmique certain, et donc la force en action, pour ce faire, est centrifuge : conquête et organisation de l'Espace par l'amplitude croissante de la Conscience et l'intégration du plus grands nombres d'êtres (pour ne pas dire de presque tous). Le Mal se définit, en conséquence, comme "l'inversion de ce Plan d'Évolution" ; la force en action est centripète : restriction et inorganisation de l'Espace du fait d'une dégénération de la Conscience, par la mise en place de structures de régression ou de blocage. Le Mal est la Négation en Essence et, à juste titre, Goethe fait-il dire à son Méphistophélès : "Je suis celui qui toujours NIE...." Le Mal, cependant, par son caractère "asynchrone" ou divergent, eu égard au "Plan Évolutif", pose le problème crucial des rapports existants entre "l'Esprit" et "la Matière".

La Gnose, parente si proche du Christianisme à ses origines, a souligné, à l'instar des Rishis védiques et du Bouddha, que la matière devait être nécessairement et totalement niée et qu'elle ne constituait, en aucune façon justificatrice, une composante du Plan Cosmique ou Divin.

Monde de la limite, de l'entropie et du chaos des forces contraires, la matière apparaissait, dans la Gnose, comme œuvre même d'un "esprit mauvais", Eon perturbateur d'un Ordre Cosmique qui la transcendait par conséquent et en exigeait l'abandon, appelant l'Esprit à une "remontée" vers la Félicité originelle, sa Source et son Devenir.

A l'inverse, les philosophies modernes dites "matérialistes", s'attachent à promouvoir et, intensifier les rapports de l'homme et de la matière au point de n'envisager 'l'esprit" qu'en tant que moyen de cette entreprise.

Bien ou Mal ? c'est du choix de l'homme, ainsi que nous le suggèrent les mythes, que dépendent et le destin de l'homme même et le destin du Mal.

Tout semble tenir à la prise de conscience de la juste place de la matière dans l'investissement de l'énergie humaine de la part des collectivités ou de l'individu et les paroles du Maître résonnent étrangement au cœur de nos civilisations qui paraissent avoir choisi une voie fatale : "Nul ne peut servir Dieu et Mammon à la fois".

Le Mal, n'est-il donc pas, tout simplement, tout ce qui cloue au sol et empêche l'émancipation de notre Conscience ? De cette question ou définition résultent les schémas, par trop simplificateurs, du problème du sexe et du désir sous toutes ses formes, problème associé au Mal parce que dilapidateur de l'énergie humaine au point qu'il n'en demeure rien pour l'Esprit.

Nous constatons donc que le Mal est relatif, voire le "Relatif Absolu". Ainsi, comme la matière différenciée, résidu d'un "cataclysme" cosmique, dont il est l'instigateur, le Mal, pour nos consciences, a une existence équivoque et problématique : il existe et n'est pas à la fois. Manifestation sans essence qui lui soit propre, son origine ne doit pas être recherchée dans la Genèse du Cosmos (ou Plan Divin) mais plutôt dans les accidents survenus au cours de la réalisation de ce Plan.

Le Mal n'est pas Conscience par lui-même, mais il se manifeste dans et par les autres consciences : il n'a que l'existence qu'on lui prête et ne vit qu'une existence d'emprunt. Le Mal "n'est" pas, car cette abstraction purement négative ne marque, en somme, que l'absence du Bien..."

 
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