Qu’est-ce que la Doctrine Secrète ?

Nous reproduisons ici intégralement – hormis quelques notes – la réponse apportée par le prologue que signa Alexandre Moryason en faveur de l’ouvrage de Noël Richard-Nafarre, paru en 1992, et intitulé : « Helena Petrovna Blavatsky ou la Réponse du Sphinx ».

« Elle est venue jusqu’à nous, la Connaissance de Dieu et par sa venue, mon enfant, l’ignorance sera chassée. Elle est venue jusqu’à nous, la Connaissance de la Joie et par sa venue, mon enfant, la tristesse fuira vers ceux qui ont de la place pour la recevoir »

Corpus Hermeticum (XIII, 8)

Un ouvrage qui ne contribue pas à l’effort de l’Humanité pour vaincre la souffrance ne mérite pas, à mon sens, une valorisation ni une recommandation particulières. Et si telle n’était la biographie présentée dans ce livre, ce parrainage ne serait qu’un jeu de mondanités littéraires inutiles. » « Mais la vie d’Helena Petrovna Blavatsky ouvre, par l’Œuvre entreprise, les Portes d’Or de la Connaissance dont les hommes ont rêvé pendant des âges jusqu’au dernier quart du XIXe siècle. » « Si cette Connaissance est tant convoitée, c’est qu’en elle réside la solution du problème fondamental de l’existence : l’ignorance du processus fatal qui pousse les êtres à naître, à souffrir, à lutter et enfin à mourir. » « Et qu’ont tenté de faire toutes les Religions, toutes les hypothèses philosophiques et les spéculations métaphysiques de l’intellect, si ce n’est de vouloir répondre à l’angoisse d’être sans savoir pourquoi? Devant l’échec patent de ces démarches séculaires, qu’essaient encore de résoudre nos sociétés si ce n’est l’énigme du bonheur humain qui semble toujours fuir ? Le bien être matériel de l’Occident d’aujourd’hui ne met pas fin aux affres de l’Âme. » « Pourtant, aux questions essentielles que s’est toujours posé l’Humanité sur son origine et son devenir, une Réponse magistrale a été apportée voici un siècle dans les écrits de Madame Blavatsky par des Hommes qui ont transcendé la souffrance pour avoir pratiqué assidûment la Science de l’Esprit. Ont-Ils été les premiers à nous donner la solution? l’Histoire nous enseigne, hélas, que non. »
« Lorsque l’on se promène aujourd’hui à Alexandrie, on ignore généralement que sous ce ciel radieux s’est commis, en l’an 415 de notre ère, un crime qui scella le pénible détour de l’évolution, en Connaissance et en maîtrise de l’existence, de ce qui, en Occident, s’arrogea ultérieurement le titre de “Civilisation”. » « Celui qui sait, cependant, pourra difficilement retrouver, à quelques trois cent mètres à l’ouest de la place Saad Zaghlul, les lieux de cette immolation passée car la ville semble, dans sa honte, avoir détruit l’Église du Cæsareum[1] pour ne jamais la relever de ses ruines. Pourtant, non loin de là, au Siège du Premier Patriarcat d’Alexandrie, à présent église Copte, l’assassin dort encore, enseveli dans la crypte, canonisé par l’Église et honoré par le Christianisme. » « En effet, au début du Ve siècle apr. J.-C., Cyrille[2] régnait en qualité d’Évêque sur la foule d’Alexandrie. Il avait été à bonne école auprès de son oncle, Théophile, le précédant Évêque, qui fut un “homme audacieux et pervers […] dont les mains se souillaient alternativement d’or et de sang… »[3]. Cyrille déchaîna les chrétiens et les moines incultes du proche désert de Nitrie sur une jeune femme dont la seule faute était d’enseigner les Mathématiques, l’Astronomie, la Philosophie et de bien connaître la Théurgie : Hypatie[4], fille du mathématicien Théon et dernière étoile de la Sagesse Antique. En effet, Hypatie, dans les cours publics qu’elle donnait et que fréquentaient les esprits les plus brillants de cette époque, “dissipait, avec trop de succès, les voiles qui obscurcissaient les “mystères” religieux inventés par les Pères [de l’Église] pour que ceux-ci ne la considérassent pas comme dangereuse[5]. Ce fut pourquoi un jour, pendant le Carême de l’année 415, alors que du Musée elle se rendait chez elle[6], elle fut arrachée de son char par une populace fanatique qui, excitée par l’Évêque et menée par Pierre le Lecteur, se saisit d’elle. Ce fut alors la folie. Des gourdins s’abattirent sur elle et, dans ce cortège de violence, elle fut traînée dans son sang jusqu’à l’Église du Cæsareum, près des marches du sanctuaire. Ses vêtements arrachés, des dizaines de mains sauvages se mirent à la déchiqueter avec des coquilles d’huîtres[7]. On alla même jusqu’à racler les os. L’amas sanglant fut ensuite porté en un lieu appelé “Cinaron” et brûlé. »

La mise à mort d’Hypatie, philosophe, mathématicienne et théurge grecque (370 à 415 ap. J.C.) Illustration de J. Augustus Knapp © Mandly P. Hall

« Cette mise à mort révéla, de façon brutale, le sort que le Christianisme naissant avait commencé à réserver — et qu’il réserverait à l’avenir — au Patrimoine Culturel et Méditerranéen de l’Humanité. De fait, en ce temps-là, et grâce aux Édits de Théodose Ier[8], de nombreux “Pères” s’acharnèrent sur tout ce qui était susceptible de démontrer l’imposture devant asseoir la religion qu’ils érigeaient: manuscrits, cultes anciens, écoles de philosophie, statues des Dieux — lesquels représentaient en fait les Grands Principes Universels ; tout fut brûlé ou détruit à coups de pioches et les propagateurs de l’Ancienne Sagesse furent persécutés ». « Cet événement est relaté ici avec insistance parce qu’il stigmatise bien cette époque et qu’il permettra peut-être de prendre conscience de l’origine du contexte religieux et culturel dans lequel la majorité de nos contemporains, en Occident et au Moyen Orient, vivent depuis lors. Il fera également comprendre pourquoi la Science moderne devint essentiellement matérialiste lorsque l’Humanité, privée de sa mémoire véritablement historique, se réveilla à la fin du XVIIIe siècle[9] pour rechercher, à sa façon, la Connaissance.
« Il convient donc de se pencher brièvement sur le contenu de cette terrible dispersion. » « Issue du Nord de l’Inde[10], des centaines de milliers d’années avant J.-C., puis transmise à l’Égypte, à la Chaldée, et, comparativement de façon plus récente, en Grèce, la Connaissance des Lois Universelles régissant l’Univers (le Macrocosme) et l’homme (le Microcosme) ainsi que la mise en œuvre de celles-ci (donc les pratiques liées à l’ascèse fondant l’évolution harmonieuse de l’être) était dispensée dans des Temples auxquels pouvaient accéder tout homme et toute femme instruits et dont l’éthique intègre était solidement établie. » « Cette Doctrine était secrète et seules les élites en bénéficiaient car les masses, encore incultes car soumises, pour la plupart, à un statut social inférieur empêchant toute instruction, devaient être préservées de toute utilisation destructrice de ce Savoir. Aussi, se manifestait-elle pour le peuple sous la forme d’une “religion”, celle-ci n’étant que l’expression allégorique des Lois Universelles. En réalité cet Enseignement était unique et commun à tous les peuples mais il empruntait, pour se concrétiser, un symbolisme adapté à la nature propre des ethnies contactées. C’est pourquoi, sous des apparences multiples, la même Vérité était diffusée. » « S’agissant de l’ensemble des Lois de l’Univers, la Doctrine secrète englobait donc, dans son champ d’appréhension, tous les Plans existant dans le Cosmos et, en conséquence, ce que nous nommons “matière” et “esprit”:
  • Elle expliquait « les Mathématiques sacrées » ou « Science des Nombres » — et son complément indispensable, l’Astronomie — qui permettait de comprendre l’ordonnancement des Énergies et des Mondes, appelés aussi « Dieux » et de ce symbolisme vint le mot « Théogonie » : la « Genèse des Dieux ». Explicitant le monde dense dans lequel nous vivons, elle enseignait les Mathématiques « terrestres », et considérant l’action des Forces Cosmiques sur les êtres et les choses, elle s’adonnait donc aussi à l’Astrologie.
  • Connaissant les propriétés cachées des trois grands règnes de la Nature et les forces du psychisme humain, elle offrait une Médecine efficace et l’anesthésie par hypnose; s’agissant d’accélérer l’évolution de la matière en opérant une mutation de l’électromagnétisme initial inhérent à celle-ci, elle permettait d’œuvrer tant sur les minéraux (transmutations métalliques), les végétaux, que sur le corps humain (absorption de certaines substances); elle divulguait ainsi les principes de l’Alchimie.
  • S’attachant au « bonheur » véritable de l’homme, elle offrait à celui-ci les moyens de maîtriser en premier lieu sa propre nature et ensuite son environnement, en divulguant les deux Phases de la Magie ou Théurgie :
  1. La Purification ou Art de soumettre l’Électromagnétisme individuel à l’action de l’Électromagnétisme Universel afin de dénouer l’entrelacement névrotique des énergies structurant le psychisme et l’intellect et de permettre ainsi l’émergence de la Divinité en l’homme. Sont incluses entre autres dans ces techniques la concentration, la méditation ainsi que l’action du souffle, de la visualisation et de certains Sons, sur certains centres subtils de l’être humain.
  2. L’action sur l’environnement (guérison, matérialisation, etc.), par la mise en œuvre —via le Pouvoir du Verbe ou d’êtres subtils planétaires et de hiérarchies élémentales— de l’Électromagnétisme Universel agissant dans ses spécificités.
« Fondée sur des Rites, une Gestuelle précise et l’usage de figures géométriques, la Théurgie était “cérémonielle” ou “opérative”; utilisant la Science du Verbe, elle mettait en œuvre la véritable “Kabbale”. » « Cet Enseignement diffusait, en conséquence, les fondements, non seulement de ce qui est devenu aujourd’hui la “Science Moderne”, dans les multiples domaines de cette dernière, mais aussi de la constitution complexe des êtres et du principe essentiel qu’est, dans l’Univers, le phénomène de la Conscience. » « De cette exhaustivité résultait un pouvoir d’agir sur la matière ainsi que sur la structure subtile de l’être humain que la Science occidentale et les religions ignorent encore. » « Toutefois, au cours des millénaires, la transmission de cette Doctrine secrète suivit deux voies divergentes :
  1. En Orient, elle survécut, dans un premier temps, dans les Écoles secrètes Védiques, au Nord de l’Inde —d’où elle fut originairement divulguée— et vers lesquelles s’acheminèrent, d’Égypte, de Grèce et d’Asie Mineure, dès la fin du IIe siècle de notre ère, des manuscrits précieux que les remous de l’Histoire occidentale s’apprêtaient à détruire. » « Elle se concentra, à partir du VIIe siècle, au Tibet. Ce fut le premier Roi Bouddhiste, Song Tsen Gam-po, qui fit venir de l’Inde, à cette époque, des manuscrits inestimables et sauva donc ceux-ci de la destruction devant frapper par la suite, en Inde-même, de nombreuses traces écrites de l’Enseignement. Naropa, l’Instructeur Indien, légua, au XIIe siècle, d’autres manuscrits à Marpa le Traducteur qui les ramena au Tibet. Lorsqu’au XVe siècle, le Grand Tsong Kaparé forma le Bouddhisme Tibétain, cette Doctrine —dans toutes ses disciplines : Cosmogénèse, Anthropogénèse, Médecine, Astronomie, Astrologie, Théurgie, etc.— était déjà entièrement sauvée de l’obscurantisme qui était tombé sur le monde. Le Tibet allait préserver ainsi, dans le silence de ses Monastères inaccessibles, la Mémoire humaine. »
  2. En Occident : par le cours de l’Histoire, cette Connaissance Globale Antique devint éparse et s’occulta de plus en plus car son fondement le plus efficace, la Théurgie, constituait un instrument de destruction aux mains d’hommes à l’éthique peu sûre, qui avaient accès d’une façon ou d’une autre à ce Savoir particulier, — ce pouvait être la caste des prêtres elle-même. » « Ainsi, dès le XIVe siècle avant J.-C., l’accès à l’Enseignement de la Doctrine secrète dans les Temples d’Égypte devint de plus en plus difficile. Il existait, certes, et des Initiés célèbres, postérieurs à cette charnière du temps, reçurent leur formation, mais la quête de l’Initiation était devenue plus ardue et, au Ve siècle avant J.-C., même en Grèce, les Grands Mystères, Écoles de Sagesse secrètes, étaient déjà tombés, en réalité, en désuétude. Il en était de même des Écoles de Sagesse chaldéennes qui continuaient, via de nombreuses Sectes, à diffuser l’Enseignement, mais celui-ci était de plus en plus secret. »[11]
« C’était donc cette Doctrine secrète que Pythagore de Samos divulguait à Crotone au VIe siècle avant J.-C. et dont Platon, qui avait beaucoup appris en Égypte[12], révélera un siècle et demi plus tard les aspects essentiellement philosophiques. » « Ceux-ci recelaient notamment le concept de la Triple Nature Divine dont se sont emparés les Pères de l’Église, près de huit siècles plus tard, afin d’asseoir le Dogme de la Sainte Trinité. » « À Alexandrie d’ailleurs, un siècle avant J.-C., les Juifs divulguèrent un traité de Philosophie contenant les préceptes de l’École Platonicienne. Cet ouvrage devint pourtant, pour les Pères, “le Livre de Sagesse de Salomon” dont aucun original en hébreu ne fut jamais trouvé. » « Toutefois, à la fin du IIe siècle de notre ère, la Doctrine secrète commençait à se restructurer en Occident. Elle était diffusée à Athènes et à Alexandrie où, Ammonios Saccas, abordait dans ses cours, sous le nom de “Théosophie Éclectique”, aussi bien la Cosmogénèse (Étude de l’Essence Divine infinie de l’Univers, Se manifestant par des Mondes : Mathématiques, Astronomie, etc.), l’Anthropogénèse (Étude l’homme en tant qu’aspect de l’Âme Universelle) et la Théurgie (Œuvre Divine permettant à l’homme de dépasser sa condition et atteindre le règne divin). Ce dernier ou troisième aspect de l’Enseignement, ainsi que l’appréhension exhaustive des deux précédents, était confidentiel. »

Platon

« Cependant, la Théurgie, en raison de la confusion qui en était faite avec la sorcellerie, fut rejetée, dans un premier temps, par les disciples — mêmes d’Ammonios (Plotin, et le successeur de ce dernier, Porphyre); puis ceux-ci l’adoptèrent — mais jamais officiellement — à la suite de leur propre Initiation et du brillant exposé de Jamblique dans son “De Mysteriis” sur cette Science Divine. » « Une diffusion plus ouverte de la Doctrine, fondée sur les Enseignements “exotériques” de Platon se fit au IIIe siècle et donna naissance à l’École “Néoplatonicienne”. Les textes et discours officiels de ces auteurs se référaient à l’aspect purement philosophique car les pratiques devant mener à l’extase — dont la “Catharsis” (purification) par la Théurgie — n’étaient pas divulguées. » « Un siècle après, à la fin du IVe siècle de notre ère, les Pères se résolurent à détruire le Platonisme et, dans ce contexte général d’ignorance violente, “la théorie de la persécution fut établie par Théodose dont les saints de l’Église ont loué la justice et la pitié.”[13] « C’était donc cette Doctrine qu’enseignait, en partie, publiquement, Hypatie dont le meurtre mit fin à la protection dont bénéficiaient les Adeptes de l’École Néoplatonicienne d’Alexandrie en raison de l’heureuse influence qu’avait exercé la jeune femme sur Orestes, Préfet d’Égypte et résidant dans cette ville. Déjà, en 391[14], le Sérapeum, “fille” de la Bibliothèque d’Alexandrie, qui contenait de précieux témoignages de la Connaissance, avait été mis en pièces et les parchemins jetés au feu[15]. Une horde de fanatiques avait tout saccagé, pendant que Théophile, son Évêque, “excitait l’assistance[16]… La mort d’Hypatie reste donc le symbole du tournant décisif qui s’opéra au Ve siècle de notre ère quant à l’évolution ultérieure des peuples du Moyen-Orient et d’Occident. » « Cette destruction, “dont les chefs spirituels de l’Église dirigeaient ou plutôt excitaient la furie[17], substitua au “Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux”, la devise qui allait gouverner les esprits jusqu’aux premiers pas de la Science Moderne: “Crois, sans chercher à savoir”. Étaient ainsi évitées des investigations très dérangeantes sur l’origine non seulement de certains dogmes du Christianisme mais aussi des Sacrements et du Cérémonial Théurgique de ce dernier. » « Ce détournement fut le fait volontaire d’hommes, avides de pouvoir, manipulant le plus grand nombre. Avec le temps, l’esprit d’inquisition et de soumission aux dogmes chrétiens instauré par la politique religieuse de Théodose Ier généra en Occident, au sein de l’Église “Catholique et Romaine”, la torture et la mise à mort de tout contradicteur ainsi qu’un système pernicieux d’asservissement de la pensée collective en général et des dirigeants politiques en particulier. » « Destruction longue et douloureuse qui fit périr sur des bûchers, errer sur les routes d’Europe ou fuir dans le monde musulman ceux qui s’adonnaient à la résurrection de cette Auguste Science! Et ce furent des philosophes arabes des Écoles de Cordoue et de Bagdad, qui réussirent à en sauver de précieux fragments… En réaction, certains hommes se réunirent, ils formèrent ainsi des groupes liés par serment de silence en raison de la terreur prévalante. Kabbalistes juifs et chrétiens, Soufis, Alchimistes, Mages, tous reformèrent la grande famille de l’Hermétisme, nantis de documents rescapés du ravage, généralement tronqués et dont le symbolisme sibyllin portait à interprétation diverse. » « Les agissements de certains, commencés au IVe siècle de notre ère, puis poursuivis bien plus tard, portèrent donc préjudice au Christianisme, d’une part par la divulgation d’une doctrine dévitalisée de ses Sources Intelligentes et, d’autre part, par la cruauté exercée pendant des siècles. Mais, malgré l’horreur ici évoquée, le Message du Christ n’a pu être souillé: bien au contraire, il fonda la Quête spirituelle sincère de milliers d’hommes et de femmes et fit de certains des êtres d’exception, accédant même à l’Illumination. » « La fusion de la Sagesse Antique avec les Fondements Christiques aurait pu être un instrument d’éducation accélérée des masses dont nombreux, selon les progrès individuels réalisés, auraient eu ainsi la possibilité d’accéder à l’Initiation d’une Connaissance plus haute et plus opérative ». « Mais aujourd’hui encore, l’icône de “Saint Cyrille” est vénérée et les fidèles des Églises d’Orient peuvent, selon la coutume, y déposer un pieux baiser.. ».

« Cette Doctrine secrète n’est pas morte. Longtemps gardée sous le boisseau, elle fut portée pour la première fois à la connaissance du public à la fin du XIXe siècle. »

« Reprenant le Flambeau laissé officiellement pour éteint au Ve siècle, Helena Petrovna Blavatsky divulgua les deux premiers aspects de la Théosophie Éclectique tendant à réconcilier toutes les religions dans un système fondé sur des Vérités Éternelles : Cosmogénèse et Anthropogénèse, soit la formation de l’Univers et des mondes ainsi que la genèse et la structure occulte des 5 règnes de la Nature, selon les diverses phases de leur évolution respective: minéral, végétal, animal, humain et “divin” car l’accomplissement final, pour ce cycle planétaire, d’un être humain a également été décrit, techniquement, méthodiquement, scientifiquement. » « Ces mots peuvent sembler abstrus et d’aucuns ne se sentiront pas concernés par cette énumération. Pourtant, là réside le plus beau cadeau que l’Humanité ait jamais reçu depuis fort longtemps… » « Ouvrant enfin grandes les portes des Temples de Traditions diverses, Helena P. Blavatsky décrypta, en un langage adapté au monde moderne, les Symbolismes multiples sous lesquels s’était exprimée la Connaissance Unique ; révélant le fil d’or qui les unissait tous, elle offrit aux hommes les Clés de la Compréhension de l’Univers afin que ceux-ci pussent appréhender le monde dans lequel ils vivaient, savoir ce qu’ils étaient et connaître le but qu’ils devaient atteindre individuellement (par la Voie accélérée dite “Initiatique”) ou collectivement (Voie lente de l’évolution globale décrite par phase). » « L’Humanité venait de renouer avec ses Origines et avait un Devenir. L’Éternité de la Vie à conquérir par le développement de la Conscience n’était plus affaire de foi ou de dogme. Elle est le fondement même de l’Univers car telle est la Loi. » « Si Helena P. Blavatsky prononça le réquisitoire le plus solidement argumenté contre l’Église —et contre toute religion destructrice— ce ne fut pas pour ternir l’Image du Christ mais pour sauver celle-ci de l’utilisation malsaine qui en fut faite. “Les Prêtres vous ont affirmé l’existence de l’Enfer éternel auquel vous destinait une seule pauvre vie d’ignorance et donc d’erreurs; ils ont garanti leur service comme seul intermédiaire possible entre vous et votre salut, s’attachant à faire disparaître jusqu’aux traces, la Science des Mages et des anciens Hiérophantes qui avait le pouvoir de vous libérer de vos maux.” Voilà ce qu’en substance Helena P. Blavatsky écrivit. » « Ce fut cette Vérité qu’elle redéfinit sous l’ancien nom de “Théosophie” et dans ce même contexte nous détenons d’elle la synthèse la plus brillante qui fût jamais faite des Religions, des Mythes et de toutes les Écoles Philosophiques passées. L’universalité de la véritable Connaissance venait d’être démontrée. » « A l’instar des Professeurs de la Sagesse Antique, elle s’attacha à recourir sans cesse au stade atteint, dans son siècle, par la Science et l’expression de la spiritualité générale afin de restaurer à nouveau la Philosophie et l’ascèse conduisant aux Mystères. » « Cependant, en raison de la remise en cause fondamentale des anciennes structures que générait son Message (les religions et leurs églises respectives, les mouvements ésotériques occidentaux en mal d’un Judéo-Christianisme qu’ils tentaient d’ennoblir, les doctrines de l’Inde pétries dans une orthodoxie conservatrice et déviée, le spiritisme s’accrochant à des croyances malsaines, la Science engoncée dans le matérialisme, le positivisme et le mécanisme, enfin le sexisme s’exerçant à l’encontre d’une femme œuvrant dans un domaine que les hommes se sont réservé depuis toujours…), Helena Petrovna Blavatsky fut vilipendée. Mais ce rejet même plaide pour la grandeur de son travail car elle subit ainsi le sort que les hommes ont toujours réservé à ce qu’ils ne pouvaient immédiatement comprendre et qui dérangeait leur confort social, mental ou religieux. » « En conséquence, s’attarder ici sur le discrédit dont elle fut victime serait jeter sur la splendeur de l’Œuvre les vagissements de l’ignorance et l’aveuglement des passions. » “Mes livres, disait-elle d’ailleurs, ne seront compris qu’à la fin du prochain siècle.” Nous y sommes. Elle aurait pu ajouter: “Mon œuvre et ma vie elle-même, tellement liée à Ceux Qui m’envoyèrent ne seront compris que dans un siècle”. Il est vrai que son Enseignement fait bonne récolte de nos jours et que l’insolite qui a pavé sa vie est mieux à même d’être expliqué. » « Quant à aborder à présent, la problématique générée par Ceux Qui, à travers elle, délivrèrent cet Enseignement, — Ceux que l’on appela les Maîtres “de Mme Blavatsky”… —, “l’art d’agréer” vaut mieux que celui de “convaincre”. C’est pourquoi il appartient à chacun de forger ses propres convictions au regard de ce qu’il aura saisi du Message. » « En vérité, pour appréhender ces Grands Êtres, les critères de jugement de notre mental actuel ne suffisent pas car Ils ne sont perçus qu’à travers un certain battement du cœur et la transparence de l’esprit. Nous Leur devons, néanmoins, la charité d’avoir placé sous les yeux des hommes la Réalité Sublime de l’Adeptat, s’exposant ainsi Eux-mêmes à l’incompréhension du plus grand nombre pour le bénéfice du plus petit. » « Cependant, des Écoles ont fleuri en faisant appel, à juste titre, aux “Maîtres”, Ceux-là – mêmes qu’Helena. P. Blavatsky révéla au monde. Et en ces jours de mutations profondes, il semble que la notion de “Fraternité Transhimalayenne” devienne, pour un grand nombre, l’Espoir de renouer avec le Courant de Vie. » « A défaut de cette perception subtile, il est regrettable que les Maîtres et Leur Disciple aient été bannis par ceux-là mêmes à qui ils avaient enseigné. Si “nul n’est prophète en son pays”, Helena P. Blavatsky ne le fut point dans la Société Théosophique ». « Mais il fut écrit: “Périsse la Société Théosophique plutôt que de se montrer ingrate envers H.P.B.” Cette phrase, en raison de la qualité de son Auteur, a-t-elle eu le Pouvoir du Verbe ? »[18] « Toutefois, le Message d’Helena P. Blavatsky a pénétré une grande partie des mentalités. C’est une victoire, une victoire fabuleuse, lorsque l’on considère le sort affreux qui fut réservé à Cagliostro, pour ne citer que le dernier grand martyr de l’Inquisition.. ». « Elle influença les philosophes, les artistes et les savants qui découvrent de plus en plus, — et l’expriment par des formules mathématiques — que la matière est “l’esprit densifié”… La notion “d’énergie” et de “vibration”, quant à la définition d’une réalité donnée, nous vient de la Doctrine Secrète, œuvre maîtresse d’Helena P. Blavatsky. » « De plus, cette victoire est d’autant plus réelle que le messager semble oublié ou inconnu tant l’Enseignement s’est distillé dans le vocabulaire quasi – quotidien de ceux-là mêmes qui ne se targuent pas d’Occultisme. Ainsi entend-on de plus en plus fréquemment, même par les médias, dans le discours courant, les expressions suivantes, digérées, intériorisées, normalisées: “C’est mon karma”. “ Peut-être est-ce dans une vie passée que… ” “Une vision astrale”, “mon corps astral”, “une belle aura”, etc. Et s’il arrive que certains, parmi le grand public, dénigrent “ce médium”, voire “cet imposteur”, ils n’ont pas moins intégré une série de notions psychologiques appartenant à la pensée blavatskienne. » « Par ailleurs, non seulement Helena P. Blavatsky désenclava, en Occident, les milieux poussiéreux de l’Esotérisme mais elle fut la cause directe de l’essor extraordinaire de ce dernier. Dans les milieux des Ésotéristes, les plus sérieux ne peuvent pas manquer de se référer à son Œuvre; les plus négligents préfèrent annoncer les Vérités qu’elle a révélées, dans les termes mêmes de leur auteur, sans la citer ; certains même “créent” tout un système métaphysique, réplique exacte de son Enseignement, en déniant ouvertement leur source… » « Cela est, en réalité, sans importance. Existe-t-il un plagiat dans le monde des idées ? Celles-ci circulent… et bienheureux celui qui capte les plus sublimes. On se réchauffe du soleil sans même le voir, et on pense de plus en plus, sans le savoir, selon l’impulsion investigatrice donnée par le Message théosophique. Si les rayons éclairent, faut-il pour autant adorer le disque de lumière lorsque l’Esprit vivifiant est au delà de cette apparence? “La transcendance de la Doctrine salvatrice doit seule être considérée et peu importe ce qui advient de l’Émissaire”. Ce sont des propos qu’Helena P.Blavatsky aurait pu tenir. »
« Il était souhaitable qu’existât un ouvrage sérieux en langue française sur la vie d’Helena P. Blavatsky et cette biographie, présentée dans ce livre, si elle est d’une lecture captivante, est néanmoins un travail objectif d’historien, une enquête fondée sur des sources de première main, les seules qui puissent fournir au lecteur matière à former sa propre opinion. » « Pareille démarche constitue une excellente introduction à la question fondamentale des Sources de la Tradition Ésotérique. Là est l’intérêt de cet ouvrage. » « Si donc, après avoir lu ce livre, l’étudiant sincère ou l’honnête homme de notre siècle, se plongent dans la lecture directe des œuvres de Mme Blavatsky, ils comprendront la valeur de l’Enseignement Traditionnel que nous avions perdu pendant longtemps mais que les hauteurs du Tibet avaient préservé. Si ce Prologue s’est tant attardé sur la Connaissance Ancienne et sur le circuit de la transmission de celle-ci, c’est pour tenter de susciter, hors de toutes querelles religieuses ou philosophiques, en toute vérité, une prise de conscience des possibilités qu’offrent les Enseignements divulgués actuellement — à l’instar du IIe siècle de notre ère — sous le nom de “Théosophie”. » « Appréhendant peut-être à présent la valeur universelle de ce qui est offert sous cette étiquette — séparatiste, par définition, et donc limitative — tout chercheur de bonne volonté s’empressera immédiatement de l’ôter car il aura compris que la Théosophie est la Science permettant d’accéder à la Sagesse Divine; il ne cantonnera plus celle-ci à une philosophie occulte, parmi tant d’autres, délivrée par une “dame russe” à la fin du XIXe siècle; bien au contraire, il saura qu’en réalité on ne peut s’affirmer Occultiste ou Ésotériste sans se dire “Théosophe”. »
« Par la libération complète de la souffrance, cet Enseignement donne, en vérité, les prémisses fondamentales conduisant l’être humain “à la plus grande de toutes les victoires qui puissent échoir à un mortel”. »[19] « Et puissent Ceux Qui guident les destinées humaines vers cette Victoire accorder aux chercheurs sincères la Compréhension du Chemin et la Volonté d’y œuvrer afin de conquérir l’Espace et l’Éternelle Conscience. »

Alexandre Moryason, 1992


(1) Caesareum ou Kaisareion : Temple érigé par la célèbre Cléopâtre VII Philopator en l’honneur d’Antoine. Octave Auguste le consacra au Culte Impérial et il prit le nom de Sebasteum. Au début du IIIe siècle de notre ère il fut détruit et à la même place et avec les mêmes matériaux fut construite une cathédrale appelée « église du Caesareum ». Après des vicissitudes, elle disparut en 912 à la suite d’un incendie. En 415, Hypatie y trouva la mort. (2) Cyrille avait succédé, depuis le 12 octobre 411, à son oncle au siège du Patriarcat lorsqu’il suscita le meurtre d’Hypatie. (3) Cf. Edward Gibbon « Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain ». (4) Musicologue et brillante mathématicienne – spécialiste des sections coniques – Hypatie écrivit divers traités. Elle apprit également le Théurgie avec Plutarque d’Athènes. Elle était vénérée comme un véritable Guide spirituel par ses contemporains lettrés dont Synésius de Cyrène qui devint Évêque de Ptolémaïs 3 ans avant la mort de la jeune femme. (5) Cf. « Isis dévoilée » de H.P. Blavatsky, vol. 2, p.283. Éd. Adyar. (6) « École », appelée « Musée » : Université faisant partie du Palais royal et construite au IIIe siècle av. J.-C. par Ptolémée Soter. Les savants de différentes époques en étaient membres. Le mathématicien Théon est l’un des représentants les plus connus du Musée ainsi qu’Hypatie. La grande bibliothèque d’Alexandrie, que de mythiques incendies auraient ravagée, était située dans le Musée, érigé dans l’enceinte du Palais royal. (cf. « La véritable histoire de la Bibliothèque d’Alexandrie » de L. Canfora, Éd. Desjonquières-1988). (7) Hesychius (Meursii opera, t. VII), cité par E. Gibbon. (8) Édits de Théodose Ier, Empereur de l’Empire romain, pris entre 380-394 de notre ère contre les « hérétiques » (9) Ce fut le savant Lavoisier qui, faisant fi des fondements hermétiques de ma Science diffusée jusqu’alors (Newton, Kepler, etc.) donna à celle-ci des critères essentiellement matérialistes. (10) L’Inde est considérée comme « point de départ » – 850.000 ans environ avant J.C. – car une explication plus vaste deviendrait une exégèse, ce que H.P. Blavatsky fit mieux que quiconque dans « La Doctrine Secrète ». (11) Toutefois le Temple d’Héliopolis continua d’officier secrètement jusqu’à ce que Théodose 1er ordonnât la fermeture de tous les sanctuaires de la Vallée du Nil. (12) « Platon parcourut l’Égypte afin de recevoir des prêtres étrangers la Science des Nombres et des choses célestes » : Cicéron, « De Finibus », V, 25. (13) Théodose 1er et ses édits, cités dans la note 6. Cf. E. Gibbon. Ibidem. (14) Destruction du Serapeum :  A. Marcellin donne comme date 389 et Prosper 391. (15) Le Serapeum ou Temple de Sérapis se trouvait dans le quartier égyptien de Rhacotis. Il était dépositaire de milliers de rouleaux qui étaient des doubles de ceux que contenait le Musée. (16) Cf. E. Gibbon. Ibidem (17) Cf. E. Gibbon. Ibidem (18) Lettre du Mahatma Morya n° 32 incluse dans les « Lettres des Maîtres de la Sagesse » 2e série, p.68. de l’Éd. de 1926. (19)  « Milarepa ou la vie de Jetsün Kahbum ». Éd. Maisonneuve

Comment « La Doctrine Secrète » fut-elle écrite ?

Ce fut en Europe — en France, en Angleterre et en Allemagne — où H.P. Blavatsky séjourna, de mars à octobre 1884, pour raison de santé, que commença la rédaction de « La Doctrine Secrète ».

En Allemagne, à Würzburg, au plus fort de la tourmente qui s’abattait sur elle (affaire du Rapport Hodgson), H.P. Blavatsly élabora la plus grande partie de son monumental ouvrage.

Couverture

Page de garde de la première édition de la Doctrine Secrète, parue à Londres en 1888

La Comtesse Wachtmeister, qui se tint près d’elle d’octobre 1885 aux dernières années de sa vie, fut le témoin quotidien de la rédaction de cette œuvre et la confidente des moments, si nombreux, de découragement.

Dans « La Doctrine secrète et Mme Blavatsky » (Éd. Adyar), Constance Wachtmeister donne de précieuses indications sur nombre de faits exceptionnels qui entourèrent ce travail d’écriture. Nous avons donc ici un témoignage authentique, d’une extraordinaire lucidité et sensibilité.

En fait, quant aux méthodes de rédaction, la Comtesse en était, en effet, le témoin stupéfait. Ce qui l’étonnait d’emblée était le débordement de références, de citations d’ouvrages rares qui envahissaient une fois de plus les manuscrits de Mme. Blavatsky. Celle-ci n’avait pourtant à sa disposition que les quelques « livres ordinaires » qu’elle avait pu emporter et elle n’avait pas de visiteurs auxquels on pût attri­buer l’origine de son discours.

De fait, lors d’une visite que lui fit le Dr. Hübbe-Schleiden, un Théosophe allemand, celui-ci constata qu’H.P. Blavatsky. ne disposait que d’à peine quelques livres, « pas une demi-douzaine » , et il dut lui procurer une Bible pour « contrôler » l’exactitude de quelques citations.

Quelques mois plus tard, à Ostende, sa nièce constata qu’elle continuait d’écrire « La Doctrine Secrète » en n’ayant à sa disposition que « quelques romans français achetés aux gares de chemin de fer et lus pendant le voyage et quelques numé­ros dépareillés de journaux russes et de revues. »

Cette fois, ses détracteurs, tel Coleman, se gardèrent bien d’entre­prendre la prétendue démonstration du « plagiat » des citations et du discours de « La Doctrine Secrète », comme ils le firent pour « Isis Dévoilée ». Ils parlèrent seulement d’extrapolations dénaturées du Kanjur et du Tanjur, les Commentaires exotériques de la Doctrine du Bouddhisme ti­bétain, publiés en 1836 dans le XXe volume des Asiatic Researches de Calcutta, par Alexandre Csoma de Körös.

Les visiteurs occasionnels étaient, en effet, confrontés à une étrange scène lorsqu’Helena Blavatsky était à sa table de travail. Ce fut notamment le cas du même Hübbe-Schleiden, qui la regarda achever une page sous ses yeux : il la vit écrire des phrases « comme si elle les copiait d’après un document placé devant elle, où je ne voyais d’ailleurs rien. »

Constance Wachtmeister apporta sur ce « phénomène » constant dont elle était le témoin, des indications qui confirmèrent celles qu’Olcott donna, vingt ans auparavant :

« Parfois, elle avait besoin de vérifier un passage de certain livre qui ne se trouvait qu’au Vatican et, parfois encore, de certain document dont seul le British Museum possédait une épreuve. Toutefois elle ne désirait qu’un contrôle […]. »

« Peu après mon arrivée à Würzburg, elle prit occasion de me de­mander si je connaissais une personne qui pourrait aller pour elle à la Bibliothèque Bodléïenne [Oxford]. Il se trouvait que je connaissais quel­qu’un à qui m’adresser et mon ami vérifia le passage qu’H.P.B. avait vu dans la Lumière astrale, avec le titre de l’ouvrage, le chapitre, la page et les dessins, le tout correctement noté. »

« De telles visions présentent souvent l’image de l’original renversée, comme on pourrait l’avoir dans un miroir, mais si les mots peuvent être lus aisément avec un peu de pratique […], il est beaucoup plus difficile d’éviter les méprises pour les dessins, or, c’était justement de dessins qu’il s’agissait dans cette circonstance. »

« Une fois, une tâche très malaisée me fut confiée : à savoir, de véri­fier un passage pris dans un manuscrit au Vatican. Ayant fait la connaissance d’un gentilhomme qui avait un parent au Vatican, je réus­sis, non sans quelque difficulté, à faire vérifier le passage. Deux mots étaient erronés, mais tout le reste était correct et, chose étrange, on m’in­forma que ces mots, étant très barbouillés, étaient difficiles à déchiffrer. »

            Et H.P.Blavatsky d’écrire à A.P. Sinnett :

« Je travaille beaucoup à ‘La Doctrine Secrète’. Les choses de New York recommencent, mais plus clairement et mieux. Je vais peut-être croire que cela pourra nous venger. Quels tableaux ! quels panoramas ! quelles scènes ! quels drames antédiluviens ! et tant d’autres choses ! ja­mais je n’ai mieux vu et entendu. » [1]

 Le plus surprenant, dans le processus qui se déroulait sous les yeux de Constance, était un phénomène proprement ahurissant dont elle eut l’occa­sion de constater la réalité à maintes reprises : « Souvent, de bonne heure le matin, je voyais sur sa table à écrire une feuille de papier portant des caractères inconnus de moi et tracés à l’encre rouge. Comme je lui demandais quelle était la signification de ces notes mystérieuses, elle me répondit qu’elles indiquaient son travail pour la journée. »

« Ces feuilles étaient des spécimens des messages « précipités » qui ont été le sujet de tant d’ardentes controverses au sein même de la Société Théosophique et, au dehors, de stupides et interminables railleries. »

Constance n’était pas la seule à pouvoir observer ce phénomène. Lors de sa visite, le Dr Hübbe-Schleiden eut également l’occasion de se rendre compte par lui-même que les assertions d’Olcott à propos de l’écriture nocturne d’ « Isis Dévoilée » se trouvaient, dix ans plus tard, confirmées sous ses propres yeux : « […] Je sais que j’ai vu très souvent l’écriture bien connue de K.H. (le Mahatma Koot Hoomi) employée en corrections et en annotations sur ses manuscrits, aussi bien que sur les livres qu’elle laissait par hasard sur son bureau et j’ai constaté ce fait principalement le matin, avant qu’elle eût commencé son travail. Je dormais sur le canapé du studio lorsqu’elle se retirait pour la nuit et ce canapé était à quelques mètres seulement de ma table. Je me rappelle fort bien mon étonnement, un matin en me levant, de trouver un grand nombre de feuilles de papier écolier couvertes de cette écriture au crayon bleu et posées sur son manuscrit. Comment ces feuilles étaient-elles venues là ? Je ne sais ; mais je ne les avais pas vues avant de me cou­cher et aucune personne n’était venue corporellement dans la chambre durant la nuit, car j’ai le sommeil très léger. » (Cf. Wachmeister. Constance. Ibidem). 

Un matin, le Dr Hübbe-Schleiden trouva le mot suivant qui lui était destiné :

« Si ceci peut être de quelque utilité et aider *** [le Dr. lui-même], quoique j’en doute, moi, l’humble soussigné Fakir, certifie que La Doctrine Secrète est dictée à [Nom donné à H.P.B.] en partie par moi-même et en partie par mon frère *** [le Maître K.H.] » (Cf. Wachmeister Constance. Ibidem). 

La signature du Mahatma Morya figurait au bas du message. Au recto de celui-ci se trouvait une attestation identique, signée du Maître Koot Hoomi.

De son côté H.P.Blavatsky déclarera dans une lettre au Colonel Olcott, en date du 21 octobre 1886, — à propos de ce qu’elle écrivait à cette époque : « Le tout a été donné par le “Vieux Gentleman” et par le Maître. »

Les personnages auxquels il était fait référence étaient ,dans ce cas, le Rishi Agastya, qui collabora une fois au Theosophist, et le Mahatma Morya, le Maître de Mme Blavatsky.

Le premier manuscrit de « la Doctrine Secrète », daté de 1886, est conservé à Adyar, au siège de la Société théosophique, près de Madras. Son contenu sera en fait réparti dans les deux tomes de l’ouvrage qui paraîtra en 1888. Une petite partie sera publiée après la mort de l’auteur dans le troisième tome de l’Éditions Adyar de 1897, effectuée sous l’égide d’Annie Besant, future Présidente de la Société Théosophique.

Quant à ses sources, H.P. Blavatsky déclara dans mainte correspondance qu’elle devait nombre de citations ou des points de vue sur la Science de son temps — notamment sur la question de l’Evolution des espèces — à divers visiteurs compétents.

Le Colonel Olcott reçut une lettre, signée du Mahatma Kout Houmi, sur un bateau, au large de l’Italie, qui lui apporta une mise au point au sujet des sources de l’Enseignement contenu dans  « la Doctrine Secrète » :

«  Soyez assuré que ce qu’elle n’a pas emprunté directement à des ouvrages scientifiques ou d’autres, c’est nous qui le lui avons suggéré. Chaque faute ou inexactitude, corrigée ou expliquée par elle dans les ou­vrages d’autres théosophes a été corrigée par moi ou sur mon ordre. Cet ouvrage a plus de valeur que le précédent [Isis] : c’est un abrégé de vérités occultes qui en feront pendant de longues années, pour l’étudiant sérieux, une source de renseignements et d’instruction. »[2]

On a ici, dans cette lettre, l’affirmation du Mahatma Koot Hoomi lui-même sur les sources de cet Enseignement exceptionnel.


[1]The Letters of  H.P.Blavatsky to A.-P. Sinnett, (Theosophical University press).
[2] Lettres des Maîtres de la Sagesse, t.1, Adyar, Paris, 1926, lettre XIX, p. 66

Les références bibliographiques sont dues aux excellentes recherches de Noël Richard-Nafarre, auteur de l’ouvrage : « Helena Petrovna Blavatsky ou la Réponse du Sphinx ». Elle sont introduites dans notre propre texte avec son accord.

Authenticité des Sources de l’Enseignement contenu dans « La Doctrine Secrète »

 

Aujourd’hui il apparaît clairement que les Sources de « La Doctrine Secrète » sont authentiquement fondées dans la Tradition tibétaine la plus occulte et la plus protégée qui soit au monde et au cours des siècles.

Cette Tradition recèle elle-même toutes les Annales planétaires, rescapées des « mondes lointains » engloutis[1] et de l’Antiquité méditerranéenne (Égypte et Grèce). Le passé de l’Humanité a ainsi été sauvegardé dans ces sommets enneigés par les Adeptes pour être livré au monde de façon très fragmentaire à la fin du XIXe siècle. Le seul fait que, pendant un siècle, on n’ait même pas pris la peine d’effectuer le rapprochement entre le « rGyud sde » et la mention du « Kiu-Te », déjà effectuée par le Père Della Penna en 1730, en dit long sur la compétence et la bonne foi d’Orientalistes du début de notre siècle. Toutes les « sources » de la Doctrine Secrète se trouvent à présent prouvées par la découverte du fameux livre de Kiu-Té et son identification par le Tibétologue David Reigle ainsi que par l’approche récente qui put être faite — suite au départ forcé des Tibétains vers l’Inde en 1959 — des manuscrits secrets appelés « Kalachakra » qui comportent le fondement de nombreux Enseignements contenus dans la Doctrine Secrète d’H.P. Blavatsky. Mais certains de ces « spécialistes » qui, de nos jours, tiennent audience en France et en Europe, mal à l’aise devant les découvertes de leur homologue, le tibétologue David Reigle, continuent d’ignorer délibérément l’œuvre magistrale de Madame Blavatsky, cette Connaissance sacrée et primordiale, préservée au Tibet et délivrée à l’humanité au siècle dernier par des Adeptes compatissants.
 

[1] Mondes lointains engloutis : la très ancienne Lémurie et surtout la fabuleuse Atlantide qui formait un continent immense dans l’Atlantique, comprenant, dans ses premiers temps, les côtes de Floride,  les côtes Est de l’Amérique actuelle, le Mexique et les îles Caraïbes qui étaient encore unies à ce qui correspond à notre Mexique ; L’Atlantide s’affaissa en 4 temps :

  1. une première fois vers -800.000 ans,
  2. une deuxième fois, vers -200.000 ans,
  3. une troisième fois vers -80.000 ans (ne laissant plus qu’une île, immense néanmoins, la Poséidonis à laquelle se réfère Platon dans le Timée),
  4. une quatrième et dernière fois en 9.564 av. J.C.

Définition de cette Authenticité

  La Doctrine Secrète » (« The Secret Doctrine », deux tomes en un volume, paru à Londres en 1888), œuvre majeure d’H.P. Blavatsky, est présentée par son auteur comme la révélation d’une Doctrine Occulte que ses Instructeurs, notamment les Mahatmas Morya et Koot-Homi, attachent (dans les Lettres des Mahatmas à A. P. Sinnett) à « l’École Arhat Transhimalayenne ». On a longtemps prétendu que les Enseignements que Mme Blavatsky avait reçus du Bouddhisme étaient de seconde main, que ceux-ci — d’après l’exposé qu’elle en faisait — différaient à tel point des enseignements exotériques connus, que l’assimilation qu’elle en eut ou l’authenticité de ses Sources étaient à mettre radicalement en cause. En fait, nul ne s’opposera, avant sa mort, aux prétendues compétences de ses détracteurs, sinon les quelques amis qui l’ont côtoyée assez longtemps pour être définitivement convaincus de l’authenticité de sa forma­tion aux côtés de ces fameux Adeptes auxquels elle se référait sans cesse. Aujourd’hui, on en reste encore — en France du moins — le plus souvent à la sanction des soi-disant « spécialistes occidentaux du Bouddhisme et de l’Hindouisme », tels ses contemporains Arthur Lillie, et Coleman, ceux-ci considérant « La Voix du Silence » — un petit chef d’œuvre de Mme Blavatsky — comme un salmigondis de textes empruntés à l’Inde védique plutôt qu’à la littérature tibétaine. René Guénon fit école en reprenant ces arguments. Il n’eut pas de mots assez durs pour dénoncer en Mme Blavatsky un imposteur, ce que proclamèrent en écho Papus et nombre d’occultistes occidentaux du début de siècle, lesquels, sans l’avouer ouvertement, n’acceptaient pas qu’une femme pût intervenir d’une manière quelconque et avec autorité dans le débats multiséculaire sur des Sciences Occultes, craignant, de plus, pour la crédibilité qui fondait leur propre « carrière »… En réalité, deux facteurs amènent le discrédit dont reste entouré le personnage de Mme Blavatsky et deux autres frappent directement son œuvre : a) — le discrédit quant à sa personne tient aux faits que :
  1. femme, elle venait s’immiscer dans un discours resté une exclusivité masculine depuis la nuit des temps ;
  2. dotés de facultés psychiques incontestables, elle bouleversait sur son passage toutes les idées reçues relatives aux lois « naturelles » par l’accomplissement de « phénomènes » surprenants et inexplicables en l’état des connaissances du monde.
b) — le discrédit quant à son œuvre  tient :
  1. au déni de sa compétence en matière de Doctrines orientales ;
  2. à la négation de l’authenticité des Sources de son Initiation.
Ce dénigrement, toutefois, relève d’un état des questions datant du siècle dernier. Cent ans plus tard, aujourd’hui, donc,  l’authenticité de la démarche pionnière d’Helena Blavatsky s’est trouvée cautionnée par des autorités dont la crédibilité scientifique dépasse largement celle de quelques détracteurs qui firent beaucoup de bruit  à son époque. C’est ce que nous allons aborder en posant des questions dont la réponse confortera la vérité des affirmations de Madame Blavatsky : Le fonds de cet Enseignement réside-t-il dans les documents très anciens et ignorés de la majeure partie des Occultistes orientaux et a fortiori Occidentaux ? (Ancienneté et caractère secret des documents fondant la Doctrine Secrète)

H.P. Blavatsky et l’accès au Tibet

 

En 1856, voyageant en Inde, Helena Blavatsky tenta d’aller au Tibet ; en vain ; l’entreprise échoua.

En 1864 elle parvint à pénétrer pour la première fois au Tibet. Le volet oriental de son Initiation va dès lors prédominer pour un temps ; cette étude durera trois ans (1864-1867) mais on ne possède pas de détails sur ce cycle de par sa propre volonté. Tout au plus donne-t-elle quelques indications sur les principes de la formation magique qu’elle suit aux côtés de son Maître, le Mahatma Morya, qu’elle présente comme d’origine Radjpoute qui réside, tout comme son autre Instructeur — le Mahatma Kout Houmi — principalement à Shigatsé, au Tibet, à proximité de Tashi-lhunpo, à près de 250 kilomètre de Lhassa[1]. Elle précisa à ce propos :
«  J’ai vécu à différents moments dans le Petit et le Grand Tibet [Sikkhim]… et ces périodes combinées forment plus de sept ans. Cependant, je n’ai jamais affirmé ni verbalement ni sous ma signature que j’avais passé sept années consécutives dans un couvent. Ce que j’ai dit et répète maintenant est que j’ai visité Shigatsé, le territoire de Tdashoo-Hlum-po [Tashi-lhunpo] et ses environs, que j’ai été plus loin à l’intérieur et dans des lieux du Tibet tels qu’ils n’ont jamais été visités par des Européens. »[2]
Le Tibet, le Népal ou le Sikkim, lui offrent l’opportunité d’étudier sérieusement les Sciences Occultes dont celle du légendaire « Meipo. Elle visite donc pendant ce séjour bien des lieux où elle peut s’initier à ce qui sera la Source fondamentale de ses écrits ultérieurs. Quelque cinquante ans avant Alexandra David Neel, Mme Blavatsky présente ainsi cet univers tibétain  :
« L’étude théorique de la Magie est une chose; la possibilité de la pratiquer en est une autre. A Brass-ss-Pungs, le collège mongol, plus de trois cent magiciens (sorciers, comme les appellent les missionnaires français) enseignent à plus du double d’élèves entre seize et vingt ans; ceux-ci doivent attendre plusieurs années avant de passer l’initiation finale. Pas un pour cent n’atteint le but final; et sur les milliers de lamas qui occupent une ville de maisonnettes autour du monastère, deux pour cent tout au plus, deviennent des faiseurs de merveilles. On peut apprendre par coeur chaque ligne des 108 volumes du Kandjur, et néanmoins faire un piètre magicien pratique ». « Le kandjur est le Grand Canon bouddhiste qui comprend 1.083 ouvrages en plusieurs centaines de volumes, dont beaucoup traitent de la Magie »[3].
A propos du cadre de sa formation, elle-même précise :
«  Je n’ai jamais non plus reçu d’instruction « sous le toit » des moines.… J’aurais pu vivre dans une Lamaserie masculine, comme le font des milliers de laïcs, hommes et femmes ; et j’aurais pu avoir reçu là mon instruction. N’importe qui peut aller à Darjeeling et recevoir à quelques milles de là, des enseignements des moines Tibétains et cela « sous leur toit » . Mais je n’ai jamais rien prétendu de tel, et cela pour la simple raison qu’aucun des Mahatmas dont les noms sont connus en Occident  ne sont des moines… »
Madame Blavatsky, affirma donc, au regard de ces longues études himalayennes, faire état dans ses écrits, d’une Tradition située en amont de tous ces courants spirituels et maintenue intacte au Tibet par une École particulière d’Arhats, refuge où cette Sagesse, « la Gupta Vidya », parvint après avoir été générée aux temps prévédiques dans l’antique Aryavarta. C’est en cette Source que l’auteur de « La Doctrine Secrète » tentait de rechercher l’unité de la Tradition Ésotérique première, une prisca sapientia identifiable au cœur de toutes les Religions.
Des appréciations émanant de personnalités reconnues dans le domaine de l’Ésotérisme et de la Science nous sont parvenues au sujet de l’œuvre d’H.P. Blavatsky :
  • Le Mahatma Gandhi : « La Théosophie… c’est l’Hindouisme dans ce qu’il a de meilleur ».
  • Le Dr. W. Y. Evans-Wentz, traducteur du Bardo Thödol (le « Livre des Morts » tibétain) : « En regard de la signification ésotérique des quarante-neuf jours du Bardo, comparer : « La Doctrine Secrète », de H.P. Blavatsky, Londres, 1888, p. 238, 411, 617, 627-28. Le Lama Kasi Dawa Samdup considérait, en dépit des critiques dirigées contre ses ouvrages, que H. P. Blavatsky devait incontestablement avoir reçu un enseignement lamaïque élevé, ainsi qu’elle le prétendait ».
  • D. T. Suzuki (dont les œuvres font autorité sur le Bouddhisme Zen) : « La Voix du Silence »[4] est la véritable Doctrine Mahayana. Il ne fait aucun doute que Mme Blavatsky a été initiée, d’une manière ou d’une autre, à l’aspect le plus profond des enseignements du Mahâyâna et qu’elle a ensuite révélé ce qu’elle a jugé sage de donner au monde occidental sous le nom de Théosophie… Il est certain que le mouvement théosophique a fait connaître au grand public les Doctrines essentielles du Bouddhisme Mâhayâna et l’intérêt qui se développe maintenant pour celui-ci en Occident a certainement été soutenu par la connaissance de la Théosophie… »[5]
  • Le IXe Panchèn Lama lui-même (Lobsang Tub-Ten Cho-gyi Nyima — seconde autorité religieuse du Tibet après le Dalaï Lama, dans son exil chinois de 1927) se prononçait de manière identique sur le texte de « La Voix du Silence », réédité cette année-là, en Chine. Cette édition recevra de lui quelques mots de dédicace hautement significatifs du crédit qu’il portait à l’œuvre, après qu’il eût insisté pour disposer de la version originale du texte d’H.P. Blavatsky auprès de deux Théosophes qui lui rendaient visite (les amendements apportés par les Éditions Adyar dans les rééditions plus récentes n’ayant pas son agrément)[6]. Madame Blavatsky affirmait avoir reçu ses Enseignements occultes d’Adeptes, notamment de son Maître, le Mahatma Morya, résidant souvent à Shigatsé au Tibet et du Mahatma Kout Houmi, un Adepte cachemirien de naissance et résidant par intermittence au Tibet près du célèbre monastère de Tashi-Lhunpo. Or, ce dernier est le siège de l’Institution du Panchèn Lama, seconde autorité religieuse du Tibet mais considérée comme « première » pour la Tradition réformée.
 

En conséquence, les liens des Instructeurs de Mme Blavatsky avec cette citadelle du Bouddhisme Mahayana sont évidents et prouvent l’accès de H.P.B. à une Tradition Ésotérique totalement marginale, — en amont —  tant par rapport au Lamaïsme qu’au Brahmanisme.

 

[1] Dans une lettre datée du 2 octobre 1881, H.P.B. écrit à Miss Billings « Maintenant, Morya vit généralement avec Kout Houmi dont la maison est située vers le montagnes de Kara Korum en dessous du Ladakh qui se trouve dans le Petit Tibet et qui appartient maintenant au Cachemire. C’est une vaste batisse de bois, construite comme une pagode chinoise…. ». Cette lettre laisse entendre, qu’auparavant, avant 1881, dans les années 1861-1867, le Maître résidait ailleurs. Cette résidence de 1881 au Ladakh ne semble pas fixe, car d’une part des deux Maîtres voyagent et, d’autres part, ils paraissent faire de fréquents et longs séjours à Lhassa ou à Shigatsé (Tibet) ainsi que les « Lettres des Mahatmas » le laissent paraître. [2] (Loc. cit. in P. M., p. 136). Ces propos sont extraits de réponses d’H. P. B. le 3 Août 1883, à un pamphlet de Mr. Arthur Lillie ( auteur de Bouddha and Early Bouddhisme) , paru dans la revue spiritualiste Light., Londres,, vol. IV, n° 188, 9 Août 1884, pp. 323-324.) [3] Note d’H.P.B.dans « Isis dévoilée », t. IV, p. 296). [4] Œuvre de H.P. Blavatsky – Ed. Adyar (En fait, présentation de quelques vers extraits d’un ouvrage secret auquel elle accéda). [5] Eastern Buddhist, (Old series) V, p. 376. [6] (Fuller Jean Overton, Blavatsky and her Teachers, East-West Publications, London & The Hague, 1988, p. 231 et suiv.Les deux théosophes qui furent ainsi chaleureusement accueillis par le Panchèn Lama étaient Mrs Leighton Cleather et Basile Crump).

H.P. Blavatsky et les Adeptes :
La Hiérarchie des Maîtres

Les Adeptes auxquels se référait sans cesse Madame Blavatsky laissèrent d’eux un portrait peint par Hermann Schmiechen en juin 1884 avec l’aide subtile, à ce que dit le Colonel Olcott, du Maître Morya lui-même qui, invisible pour l’assistance, se tint derrière l’artiste en vue de l’inspirer.

Lorsque Madame Blavatsky vit ces portraits, elle en acclama la ressemblance et la tonalité générale de grandeur qui s’en dégageait et qu’elle reconnaissait.

Laissés à la visite de tous, dans le Hall d’Adyar à Madras, ces portraits furent ôtés de tout regard du public à la demande du Colonel Olcott qui, tout en voulant protéger le caractère sacré de ces Images, ne souhaitait pas que la vénération qu’ils engendraient devînt un culte frisant l’idolâtrie.

Ces portraits révèlent des personnalités marquantes, certes, portant barbe et cheveux longs à l’instar, serait-on tenté de comparer, des Mages Naldjorpas tels qu’en les rencontra, cinquante ans plus tard au Tibet, A. David Néel. Le Mahatma Morya porte le fekkar radjpoute sur la tête, blanc cassé sur la toile peinte ; il était aussi souvent de couleur avec des rayures… C’est ce que le raconte le Colonel Olcott qui eut la stupeur de voir, un soir très tard, alors qu’il veillait dans son appartement new-yorkais, apparaître de manière tangible et indiscutable, le Maître, de toute sa hauteur, vêtu de blanc et portant un fekkar rayé ; le Maître lui laissa, de façon très concrète, cette coiffe en gage d’intense amitié et le Colonel Olcott la garda toujours et la mis souvent dans les moments pénibles de sa vie pour conjurer les maux que ses contemporains ne manquèrent pas de lui infliger (Henry Steel Olcott, Old Diary Leaves, t.1).

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Comment « classer » les Maîtres ? A quelle catégories de Mystiques-Mages orientaux officiellement reconnus au Tibet appartenaient-ils ? Il est probable que, dépassant toute nécessité de pareille appartenance, les Instructeurs de Madame Blavatsky fussent tout simplement des Adeptes [voir Maîtres de Sagesse] de si haut rang — ayant atteint un degré de développement de la Conscience si élevé — qu’ils bénéficièrent d’une vie parfaitement autonome et hors norme au regard des autres Mystiques proches. Ils pouvaient se déplacer, aller et venir du Japon en Chine comme le fit le Maître Kout Houmi [Cf. Lettres des Mahatmas] ou en Angleterre (rencontre d’H.P.B. avec son Maître à Londres en 1851) et en sillonnant les Indes comme le fit le Maître Morya (décrit sous le nom de Gulab Sing dans « Dans les cavernes et jungles de l’Hinsdoustan » d’H.P.B. – Ed. Adyar).

Il est clair, ainsi qu’on va le voir dans d’autres pages, qu’ils collaborèrent avec la Hiérarchie Spirituelle la plus haute du Tibet et ne se soumirent qu’au plus Grand des Adeptes, « le Chohan » pour l’accomplissement d’un travail d’envergure planétaire.

En effet, quoique étrangers à la structure officielle du Lamaïsme, les deux Instructeurs de Madame Blavatsky — le Mahatma Kout Houmi et le Mahatma Morya — s’en référaient constamment, avec une grande déférence, à un Adepte tibétain de haut rang, « le Chohan », comme étant leur Supérieur Hiérarchique. Le titre de « Vénérable Hobilgan »[1] que lui décerne le Mahatma Kout Houmi, semble le désigner comme le « Régent-Instructeur » du Panchèn Lama, Supérieur officiel du monastère de Tashi-lhunpo.

De fait, le voisinage de Shigatsé, au Tibet, place la retraite des Instructeurs de Mme Blavatsky dans l’ombre de la formidable citadelle de Tashi-lhunpo, abri du « Panchèn Lama » – abrégé tibétain du titre sanskrit « Pandita Tsang Po Lama » qui signifie « le Précieux savant en Écritures sacrées de la Province du Tsang Po » .

H.P. Blavatsky précisa :

« Il existe dans l’Himalaya un noyau d’Adeptes de différentes nationalités ; le Tashi Lama (Panchèn] les connaît et ils agissent de concert… Mon Maître [Morya] et K. H. comme plusieurs autres, que je connais personnellement, vont et viennent à cet endroit »[2].

De plus, les deux préfaciers de « La Voix du Silence », reçus par le IXe Panchèn  déclaraient explicitement : « Mme Blavatsky connaissait très bien le prédécesseur de l’actuel Panchèn Lama »[3].

Aujourd’hui, l’Occident connaît mieux le Dalaï Lama — le dignitaire qui occupe la fonction plus politique, quoique religieuse aussi — que le Panchèn Lama. Les péripéties de ce dernier, tout jeune aujourd’hui (1999) et enlevé par les Chinois a fait couler beaucoup d’encre… Toutefois, certains Bouddhistes tibétains considèrent le Panchèn comme le chef spirituel du « Bouddhisme Réformé », assumant la légitimité de la succession de Tsong-ka-pa (XIVe siècle), reconnaissant au Dalaï Lama un rôle plus « extérieur », plus exotérique .

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[1] Voir à ce sujet la recherche de Mrs. Jean Overton Fuller, op. cit infra p. 106
[2] Propos de H.P.B. dans la préface de l’édition chinoise de « la Voix du Silence »-1927.
[3] Chrismas Humphrey Papers, Theosophical Library, Londres.

Arrière fond de Lamaïsme Ésotérique dans la Doctrine Secrète

  Le Bouddhisme Ésotérique recèle des Trésors relatifs à la Connaissance de l’Univers et de l’Homme, celle-là même que les Annales Planétaires la préservèrent en Orient.
Bouddha
Le Bouddha Gautama, à l’instar d’autres Grands Adeptes après Lui, enrichit cette Connaissance de données « pratiques » permettant d’atteindre la délivrance de chaque être humain de ce cycle de matière, empli de souffrances, dans lequel il s’enlise depuis des millénaires. A ce sujet, le Dr. Evans-Wentz, traducteur du Bardö Thodöl, précise : «  Le Bouddhisme ésotérique, ainsi qu’on l’a appelé à tort ou à raison, semble avoir été transmis « de bouche à oreille » et suivant les doctrines de ce genre selon une règle orale et établie de Gourou à Shishya (« disciple »). Le Tibet conservait depuis la nuit des temps ces Archives planétaires et c’est donc dans cette Terre des Neiges que le Bouddhisme, dans sa plus pure expression ésotérique trouva refuge lorsqu’il fut chassé de l’Inde. C’est donc le Lamaïsme officiel[1] qui servit de couverture, si cette expression est permise, à la préservation de la Connaissance Sacrée ou Tradition Occulte de la Planète. Ceci explique aussi pourquoi Instructeurs indiens de Mme Blavatsky — le Maître Morya et le Maître Kout Houmi — entretenaient avec la Hiérarchie du Bouddhisme tibétain (plutôt qu’avec la Hiérarchie d’autres Traditions asiatiques)  des relations très proches. Cette Doctrine ou Connaissance Secrète se situe donc en amont à toutes les Traditions philosophiques, notamment celles de l’Orient, ce qui explique que ceux qui n’ont pas eu accès à cette Source, de près ou même de loin, ont cru que H.P.Blavatsly avait altéré sinon mal compris ces Traditions. Ses détracteurs (le Pr. Müller, R. Guenon, Coleman, Lillie, etc.) ne prirent pas garde, en orientalistes véritables ou supposés qu’ils étaient, à deux faits :
  1. L’approche des Doctrines Ésotériques orientales par les Universitaires européens est essentiellement livresque. Aucun d’entre eux ne devrait songer à se prononcer sur des « Sources ésotériques » auxquelles ils n’ont pas accès — et dont ils ignorent parfois l’existence même. A croire R. Guénon, il n’existerait aucun Ésotérisme bouddhiste !… « En effet, la vérité est qu’il n’y eut jamais de Bouddhisme ésotérique authentique ; si l’on veut trouver de l’ésotérisme, ce n’est point là qu’il faut s’adresser…»[2]
  2. Jamais « La Doctrine Secrète » n’a prétendu être du pur « Bouddhisme »  — et tant mieux si elle l’est tout de même. Moins encore se présente-t-elle comme du « Brahmanisme » . Elle se veut un commentaire de sources « antérieures » à l’un et l’autre.
 

[1] Organisation politico-religieuse qu’ont adoptée les Communautés Bouddhistes du Tibet dès le VIIe siècle de notre ère, jusqu’à former une structure théocratique où Deux chefs, l’un temporel et l’autre, religieux, se sont partagé le pouvoir à partir des XV-XVIe siècles, respectivement le Dalaï Lama et le Panchèn Lama. [2] R. Guénon, « Théosophie, histoire d’une pseudo-religion » – p. 105.

Introduction

Madame Blavatsky affirma avoir tenu dans ses mains, afin de s’instruire, des documents très anciens, écrits en une langue étrange et si lointaine dont même les Occultistes orientaux ignoraient, pour la plupart, l’existence : la langue Senzar Elle affirma, de plus, l’existence d’ouvrages très ancien, formant un ensemble appelé le Kiu-Té qui était une véritable mine d’informations sur les Origines du Monde et des Espèces. Du sein de ces livres secrets du Kiu-Té, émerge un autre, encore plus secret et étudié par un « Cercle très intérieur à Tashi Lumpo » au Tibet : le livre appelé Kâlachakra

La langue « Senzar »

  Tout Enseignement provient, dit Mme Blavatsky, du Senzar, la langue sacrée et l’écriture secrète des Textes Esotériques d’une Tradition réfugiée désormais dans les régions transhimalayennes. Cette Tradition conserve l’usage de cette langue qui est la langue-mère des autres langues d’Asie. Mme Blavatsky affirma avoir appris le Senzar auprès de ses Maîtres.

C’est ici que gît un mystère dont l’élucidation peut seule trancher le débat ouvert autour de l’authenticité de son Œuvre : l’existence d’archives et d’un corpus doctrinal rédigé dans une langue inconnue des orientalistes, ce fameux Senzar…

H.P. Blavatsky précisa :
« Le Zen-(d)-zar », prononcé Senzar, est la langue sacerdotale en usage parmi les initiés de l’Inde archaïque. On le trouve maintenant en de multiples inscriptions indéchiffrables ; il est utilisé jusqu’à ce jour et étudié dans les Communautés secrètes des Adeptes orientaux et appelé par eux — selon la localité — Zend-Zar et Brahma ou Deva-Bashya. » (d’après The Theosophist, Juin 1883).
Elle poursuivit en énumérant les Traditions, tant orientales, qu’occidentales (l’Hermétisme Égyptien et la Kabbale Hébraïque), qui dérivent de la Tradition Première, consignée dans le langage symbolique de cette langue « antédiluvienne ». Les archives rédigées dans cette hiéroglyphique sont sous la garde des seuls Adeptes de la Fraternité Occulte centrée au Tibet et en quelques points du globe, dont l’Égypte, qui gardent ce langage secret ainsi que les Textes eux-mêmes. Elle parla dans les termes suivants d’un « Catéchisme ésotérique Senzar » dont elle étudia le contenu dans le cadre de son premier voyage au Tibet :
«  Le langage sacerdotal (Senzar), à côté d’un alphabet propre, peut être restitué par plusieurs types de caractères chiffrés qui participent davantage de la nature des idéogrammes que des caractères syllabiques. … Le Senzar et le Sanskrit, ainsi que les autres langues occultes, à côté d’autres possibilités, ont un nombre et une couleur, et une syllabe distincte pour chaque lettre, tout comme l’ancien Hébreu  »[1]
Mme Blavatsky commente les propos du moine Capucin Della Penna qui se rendit au Tibet au XVIIIe siècle :
« Laissez-moi vous dire que les moines et les laïcs occidentaux donnent une vue des plus ridiculement absurdes de la Loi de la Foi, les croyances populaires du Tibet. Le Capucin Della Penna, dans sa description de la fraternité des “Byang-Tsiub” est tout simplement absurde. Prenant dans le Bkah-hggyur [“bKa’-‘gyur”, ou “Kanjur”, la Parole du Bouddha], et dans d’autres livres des lois tibétaines quelques descriptions littérales, il les embellit de sa propre interprétation. […] En premier lieu, le canon sacré des tibétains, le Bkah-hgyur et le Bstan-hgyur [ou bsTan-’gyur, le “Tanjour”, le commentaire de la Parole] comprend mille sept cent sept ouvrages distincts, soit mille quatre-vingt-trois ouvrages publics, et six-cent vingt-quatre volumes secrets, le premier étant composé de trois cent cinquante, et le second de soixante-dix-sept in-folio.  … Si, même par hasard, le public pouvait les voir, je puis assurer aux théosophes que le contenu de ces volumes ne serait jamais compris par celui qui n’a pas reçu la clef de leur caractère particulier et de leur signification cachée… Dans notre système, toute description de lieux est symbolisme ; chaque nom et chaque mot sont voilés à dessein ; et, un étudiant, avant de recevoir de nouvelles instructions, doit étudier la méthode permettant de déchiffrer, puis de comprendre et d’apprendre les termes ou synonymes secrets, équivalents presque à chaque mot de notre langue religieuse. Le système hiératique égyptien est un jeu d’enfant, comparé au déchiffrement de nos énigmes sacrées. Même dans les volumes auxquels les masses ont accès, chaque phrase a un double sens, l’un destiné aux profanes, l’autre à ceux qui ont reçu la clef des documents » (H. P. Blavatsky, Enseignements tibétains, Les Cahiers théosophiques, n° 105, pp. 3-4).
Le vocable de « hiératique » évoque le modèle cursif de l’écriture hiéroglyphique égyptienne et définit par conséquent une écriture idéographique, susceptible d’une interprétation symbolique. Certes, le « Senzar », en tant que véhicule linguistique, reste totalement inconnu aussi bien des orientalistes d’aujourd’hui que de ceux du siècle dernier … C’est aussi le cas du Livre de Dzyan, ce premier livre des commentaires du non moins énigmatique Kiu-Té, auquel se référait Madame Blavatsky. Accusée de mensonge… a-t-elle pu voir que ce serait seulement en  1981, un siècle après, que le Kiu-Té sera découvert et reconnu comme tel par le célèbre tibétologue D. Reigle.
 

[1] «  Doctrine Secrète ». t. I, p. LXXI. – Le livre de Kiu ti, est le livre de référence pour l’essentiel de la doctrine enseignée au Tibet à Mme Blavatsky par ses Instructeurs – (cf. Index des Lettres des Mahatmas).

Les livres secrets appelés « Kiu-Té »

Le premier volume d’ « Isis Dévoilée » commence par une allusion à « un vieux livre, si vieux que nos antiquaires modernes pourraient indéfiniment méditer sur ses pages, sans pouvoir se mettre d’accord au sujet de la nature de ce tissu sur quoi il est écrit. C’est la seule copie originale existant actuellement… » […] « Ce très vieux livre est l’œuvre originale d’après laquelle furent compilés les nombreux volumes de Kiu-Té… ».

Rouleau Tibétain

Exemple de manuscrits tibétains sous forme de pothi et de rouleau.
Le Kiu-Té, bien antérieur, a-t-il cette apparence ?
Photographie de Stein en 1907

Ce livre, le Kiu-Té, était aussi celui auquel faisait fréquemment référence le Maître Kout Houmi.

S’agissant de l’existence de cet ouvrage, Madame Blavatsky se référa dans « La Doctrine Secrète », à un ouvrage intitulé « Narratives of the Mission of George Bogle to Tibet, and of the Journeys of Thomas Manning to Lhasa » (édité en 1876-1879) et écrit par C. R. Markham. C’est dans ce livre que figure un appendice contenant la traduction de « Breve notizia del regno del Thibet » (« Une brève description du Royaume du Tibet ») écrite en 1730 par le moine capucin Horatio Della Penna  « p. 309 et suivantes » comme indiqué par H.P. Blavatsky elle-même.[1]

Or le « Livre de Kiu-Té » était bien mentionné sous ce nom peu usité dans l’ouvrage du missionnaire Della Penna, daté de 1730, (lequel, en bon missionnaire catholique, ne cite celui-ci que pour le tourner en dérision). Le Père Della Penna di Billi, dit :« Ce Shakia Thupba [Bouddha] restaura les Lois qui, selon eux, étaient tombées en désuétude, et qui consistent maintenant […] en 106 volumes, dans lesquels les disciples de Shakia Thupba consignèrent tout le contenu de ces livres après la mort de leur maître, tel qu’il l’avaient entendu de sa bouche… ces volumes se divisent en deux sortes de lois, l’un des deux comportes 60 livres qui sont appelés les lois de Dote et l’autre, qui consiste en 38 volumes, est appelé Kiute ». Mais personne ne prit la peine de vérifier cette référence d’H.P. Blavatsky, ce qui en dit long sur l’a priori négatif que ses contemporains destinaient à ses écrits…

On a crié à l’imposture face aux allégations d’existence de cette langue et de ce livre car les orientalistes ne semblaient connaître d’ouvrages de ce nom !

Mais il est possible d’apporter aujourd’hui une réponse à cette négation.

En effet, depuis l’invasion du Tibet par la Chine et le pillage de ses trésors littéraires par les troupes de Mao Ze Dong, le transfert de nombre de manuscrits du Canon bouddhiste a permis une nouvelle approche de leur étude de la part du tibétologue David Reigle, sous le titre : « The Books of Kiu-Te or the Tibetan Buddhists Tantras. A Preliminary Analysis » (Wizards Bookshelf, San Diego, 1983).

Or, c’est précisément ce « vieux livre », appelé « Kiu-Té », découvert et dénommé ainsi, en 1983,  par le tibétologue, qui est la référence de Mme Blavatsky, référence encore niée, seize ans après cette découverte (1983-1999), par les détracteurs de cette dernière !

Comme l’écrit le tibétologue David Reigle : « Il est maintenant facile de voir que les deux divisions, le Dote et le Kiute, sont le Mdo-sde et le Rgyud-sde respectivement ; ou les divisions (sde) des Sutra (mDo) et du Tantra (rGyud) de la parole du Bouddha, le Kanjur »[2]

Il s’agit donc des Textes tantriques — c’est-à-dire magiques et de nature « yogique » — qui constituent donc le rGyud-sde (Kiu-te) au sein du premier élément du Canon Bouddhiste formé par le Kandjour.

H.P. Blavatsky donna des précision que l’origine de ce livre Kiu-Té qui est, en fait, un ensemble, comprenant, entre autres, « Le Livre de Dzyan ». Elle dit :

« Le Livre de Dzyan » — du mot sanscrit « Dhyan »
(méditation mystique) — est le premier volume des Commentaires des sept volumes sacrés de Kiu-té (qui sont joints ensemble) et un glossaire des ouvrages publics du même nom. On peut trouver en la possession des Gelugpa […] Lamas du Tibet, dans la bibliothèque de tout monastère, trente-cinq volumes de Kiou-té, écrits dans des buts exotériques, à l’usage des laïques, et aussi quatorze volumes de commentaires et d’annotations sur ces ouvrages, et qui sont l’oeuvre des traducteurs initiés. […] »

« D’autre part, les quatorze volumes des Commentaires — avec leurs traductions, leurs annotations et un considérable glossaire de termes occultes, tirés d’un petit volume archaïque, le Livre de la Sagesse du Monde — contiennent un digest de toutes les Sciences Occultes. Il paraît qu’ils sont tenus cachés, sous la garde du Téshou Lama [Panchèn Lama] de Tji-Gad-jé [Shigatsé]. Les livres de Kiu-té sont comparativement modernes, car ils ont été publiés dans les dix derniers siècles, tandis que les premiers volumes des Commentaires sont d’une incroyable antiquité, quelques fragments des cylindres originaux ayant pu être conservés. »[3]

Ces indications forment un ensemble quelque peu complexe…

Résumons :

« Kiu-Té » dénomme un ensemble de livres qui comporte :

  • 35 volumes accessibles à tous, de nature, donc, « exotérique » ;
  • 7 livres sacrés et secrets qui produisirent, au cours des siècles, 14 volumes appelés « Commentaires »
  • Le premier de ces 14 Commentaires est « le Livre de Dzyan » qui signifie « état de connaissance » en sanskrit. Ceci signifie qu’il s’agit d’un ouvrage dont le contenu est donné comme le fruit de la vision d’Adeptes ayant atteint un degré de conscience illuminée.
  • « La Doctrine Secrète » est une explication, une divulgation, une sorte de commentaire, de ce Premier Commentaire dit « Livre de Dzyan ».

En conséquence, le lien prévalant entre les Enseignements contenus dans « La Doctrine Secrète » et les « extraits du Tanjour et du Kanjour » eût pu être réellement et pertinemment constaté, à l’époque même de Madame Blavatsky, si un examen avait été mené de bonne foi… Or, c’est ce qui a le plus  fait défaut à ceux qui se sont penché sur ce qu’elle offrait au monde. Car, de fait,  c’est bien dans le Kanjour et le Tanjour que se trouvent, ainsi qu’H.P. Blavatsky l’avait elle-même déclaré, ces Livres de Kiu-Té et leurs Commentaires occultes qui sont, ensemble, la Source de son information.

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[1] (Della Penna di Billi Francesco Orazio, “Breve notizia del regno del Thibet, 1730, republié à Paris dans le Nouveau Journal Asiatique, 1835). [2] Reigle David « The Books of Kiu-Te, or the Tibetan Buddhist Tantras ; a Preliminary Analysis », San Diego (U.S.A.), Wizards Bookshelfs, 1983, p. 2.
[3] « La Doctrine Secrète », t.6, pp. 101-102. Ed. française Adyar.