Introduction

Madame Blavatsky affirma avoir tenu dans ses mains, afin de s’instruire, des documents très anciens, écrits en une langue étrange et si lointaine dont même les Occultistes orientaux ignoraient, pour la plupart, l’existence : la langue Senzar Elle affirma, de plus, l’existence d’ouvrages très ancien, formant un ensemble appelé le Kiu-Té qui était une véritable mine d’informations sur les Origines du Monde et des Espèces. Du sein de ces livres secrets du Kiu-Té, émerge un autre, encore plus secret et étudié par un « Cercle très intérieur à Tashi Lumpo » au Tibet : le livre appelé Kâlachakra

La langue « Senzar »

  Tout Enseignement provient, dit Mme Blavatsky, du Senzar, la langue sacrée et l’écriture secrète des Textes Esotériques d’une Tradition réfugiée désormais dans les régions transhimalayennes. Cette Tradition conserve l’usage de cette langue qui est la langue-mère des autres langues d’Asie. Mme Blavatsky affirma avoir appris le Senzar auprès de ses Maîtres.

C’est ici que gît un mystère dont l’élucidation peut seule trancher le débat ouvert autour de l’authenticité de son Œuvre : l’existence d’archives et d’un corpus doctrinal rédigé dans une langue inconnue des orientalistes, ce fameux Senzar…

H.P. Blavatsky précisa :
« Le Zen-(d)-zar », prononcé Senzar, est la langue sacerdotale en usage parmi les initiés de l’Inde archaïque. On le trouve maintenant en de multiples inscriptions indéchiffrables ; il est utilisé jusqu’à ce jour et étudié dans les Communautés secrètes des Adeptes orientaux et appelé par eux — selon la localité — Zend-Zar et Brahma ou Deva-Bashya. » (d’après The Theosophist, Juin 1883).
Elle poursuivit en énumérant les Traditions, tant orientales, qu’occidentales (l’Hermétisme Égyptien et la Kabbale Hébraïque), qui dérivent de la Tradition Première, consignée dans le langage symbolique de cette langue « antédiluvienne ». Les archives rédigées dans cette hiéroglyphique sont sous la garde des seuls Adeptes de la Fraternité Occulte centrée au Tibet et en quelques points du globe, dont l’Égypte, qui gardent ce langage secret ainsi que les Textes eux-mêmes. Elle parla dans les termes suivants d’un « Catéchisme ésotérique Senzar » dont elle étudia le contenu dans le cadre de son premier voyage au Tibet :
«  Le langage sacerdotal (Senzar), à côté d’un alphabet propre, peut être restitué par plusieurs types de caractères chiffrés qui participent davantage de la nature des idéogrammes que des caractères syllabiques. … Le Senzar et le Sanskrit, ainsi que les autres langues occultes, à côté d’autres possibilités, ont un nombre et une couleur, et une syllabe distincte pour chaque lettre, tout comme l’ancien Hébreu  »[1]
Mme Blavatsky commente les propos du moine Capucin Della Penna qui se rendit au Tibet au XVIIIe siècle :
« Laissez-moi vous dire que les moines et les laïcs occidentaux donnent une vue des plus ridiculement absurdes de la Loi de la Foi, les croyances populaires du Tibet. Le Capucin Della Penna, dans sa description de la fraternité des “Byang-Tsiub” est tout simplement absurde. Prenant dans le Bkah-hggyur [“bKa’-‘gyur”, ou “Kanjur”, la Parole du Bouddha], et dans d’autres livres des lois tibétaines quelques descriptions littérales, il les embellit de sa propre interprétation. […] En premier lieu, le canon sacré des tibétains, le Bkah-hgyur et le Bstan-hgyur [ou bsTan-’gyur, le “Tanjour”, le commentaire de la Parole] comprend mille sept cent sept ouvrages distincts, soit mille quatre-vingt-trois ouvrages publics, et six-cent vingt-quatre volumes secrets, le premier étant composé de trois cent cinquante, et le second de soixante-dix-sept in-folio.  … Si, même par hasard, le public pouvait les voir, je puis assurer aux théosophes que le contenu de ces volumes ne serait jamais compris par celui qui n’a pas reçu la clef de leur caractère particulier et de leur signification cachée… Dans notre système, toute description de lieux est symbolisme ; chaque nom et chaque mot sont voilés à dessein ; et, un étudiant, avant de recevoir de nouvelles instructions, doit étudier la méthode permettant de déchiffrer, puis de comprendre et d’apprendre les termes ou synonymes secrets, équivalents presque à chaque mot de notre langue religieuse. Le système hiératique égyptien est un jeu d’enfant, comparé au déchiffrement de nos énigmes sacrées. Même dans les volumes auxquels les masses ont accès, chaque phrase a un double sens, l’un destiné aux profanes, l’autre à ceux qui ont reçu la clef des documents » (H. P. Blavatsky, Enseignements tibétains, Les Cahiers théosophiques, n° 105, pp. 3-4).
Le vocable de « hiératique » évoque le modèle cursif de l’écriture hiéroglyphique égyptienne et définit par conséquent une écriture idéographique, susceptible d’une interprétation symbolique. Certes, le « Senzar », en tant que véhicule linguistique, reste totalement inconnu aussi bien des orientalistes d’aujourd’hui que de ceux du siècle dernier … C’est aussi le cas du Livre de Dzyan, ce premier livre des commentaires du non moins énigmatique Kiu-Té, auquel se référait Madame Blavatsky. Accusée de mensonge… a-t-elle pu voir que ce serait seulement en  1981, un siècle après, que le Kiu-Té sera découvert et reconnu comme tel par le célèbre tibétologue D. Reigle.
 

[1] «  Doctrine Secrète ». t. I, p. LXXI. – Le livre de Kiu ti, est le livre de référence pour l’essentiel de la doctrine enseignée au Tibet à Mme Blavatsky par ses Instructeurs – (cf. Index des Lettres des Mahatmas).

Les livres secrets appelés « Kiu-Té »

Le premier volume d’ « Isis Dévoilée » commence par une allusion à « un vieux livre, si vieux que nos antiquaires modernes pourraient indéfiniment méditer sur ses pages, sans pouvoir se mettre d’accord au sujet de la nature de ce tissu sur quoi il est écrit. C’est la seule copie originale existant actuellement… » […] « Ce très vieux livre est l’œuvre originale d’après laquelle furent compilés les nombreux volumes de Kiu-Té… ».

Rouleau Tibétain

Exemple de manuscrits tibétains sous forme de pothi et de rouleau.
Le Kiu-Té, bien antérieur, a-t-il cette apparence ?
Photographie de Stein en 1907

Ce livre, le Kiu-Té, était aussi celui auquel faisait fréquemment référence le Maître Kout Houmi.

S’agissant de l’existence de cet ouvrage, Madame Blavatsky se référa dans « La Doctrine Secrète », à un ouvrage intitulé « Narratives of the Mission of George Bogle to Tibet, and of the Journeys of Thomas Manning to Lhasa » (édité en 1876-1879) et écrit par C. R. Markham. C’est dans ce livre que figure un appendice contenant la traduction de « Breve notizia del regno del Thibet » (« Une brève description du Royaume du Tibet ») écrite en 1730 par le moine capucin Horatio Della Penna  « p. 309 et suivantes » comme indiqué par H.P. Blavatsky elle-même.[1]

Or le « Livre de Kiu-Té » était bien mentionné sous ce nom peu usité dans l’ouvrage du missionnaire Della Penna, daté de 1730, (lequel, en bon missionnaire catholique, ne cite celui-ci que pour le tourner en dérision). Le Père Della Penna di Billi, dit :« Ce Shakia Thupba [Bouddha] restaura les Lois qui, selon eux, étaient tombées en désuétude, et qui consistent maintenant […] en 106 volumes, dans lesquels les disciples de Shakia Thupba consignèrent tout le contenu de ces livres après la mort de leur maître, tel qu’il l’avaient entendu de sa bouche… ces volumes se divisent en deux sortes de lois, l’un des deux comportes 60 livres qui sont appelés les lois de Dote et l’autre, qui consiste en 38 volumes, est appelé Kiute ». Mais personne ne prit la peine de vérifier cette référence d’H.P. Blavatsky, ce qui en dit long sur l’a priori négatif que ses contemporains destinaient à ses écrits…

On a crié à l’imposture face aux allégations d’existence de cette langue et de ce livre car les orientalistes ne semblaient connaître d’ouvrages de ce nom !

Mais il est possible d’apporter aujourd’hui une réponse à cette négation.

En effet, depuis l’invasion du Tibet par la Chine et le pillage de ses trésors littéraires par les troupes de Mao Ze Dong, le transfert de nombre de manuscrits du Canon bouddhiste a permis une nouvelle approche de leur étude de la part du tibétologue David Reigle, sous le titre : « The Books of Kiu-Te or the Tibetan Buddhists Tantras. A Preliminary Analysis » (Wizards Bookshelf, San Diego, 1983).

Or, c’est précisément ce « vieux livre », appelé « Kiu-Té », découvert et dénommé ainsi, en 1983,  par le tibétologue, qui est la référence de Mme Blavatsky, référence encore niée, seize ans après cette découverte (1983-1999), par les détracteurs de cette dernière !

Comme l’écrit le tibétologue David Reigle : « Il est maintenant facile de voir que les deux divisions, le Dote et le Kiute, sont le Mdo-sde et le Rgyud-sde respectivement ; ou les divisions (sde) des Sutra (mDo) et du Tantra (rGyud) de la parole du Bouddha, le Kanjur »[2]

Il s’agit donc des Textes tantriques — c’est-à-dire magiques et de nature « yogique » — qui constituent donc le rGyud-sde (Kiu-te) au sein du premier élément du Canon Bouddhiste formé par le Kandjour.

H.P. Blavatsky donna des précision que l’origine de ce livre Kiu-Té qui est, en fait, un ensemble, comprenant, entre autres, « Le Livre de Dzyan ». Elle dit :

« Le Livre de Dzyan » — du mot sanscrit « Dhyan »
(méditation mystique) — est le premier volume des Commentaires des sept volumes sacrés de Kiu-té (qui sont joints ensemble) et un glossaire des ouvrages publics du même nom. On peut trouver en la possession des Gelugpa […] Lamas du Tibet, dans la bibliothèque de tout monastère, trente-cinq volumes de Kiou-té, écrits dans des buts exotériques, à l’usage des laïques, et aussi quatorze volumes de commentaires et d’annotations sur ces ouvrages, et qui sont l’oeuvre des traducteurs initiés. […] »

« D’autre part, les quatorze volumes des Commentaires — avec leurs traductions, leurs annotations et un considérable glossaire de termes occultes, tirés d’un petit volume archaïque, le Livre de la Sagesse du Monde — contiennent un digest de toutes les Sciences Occultes. Il paraît qu’ils sont tenus cachés, sous la garde du Téshou Lama [Panchèn Lama] de Tji-Gad-jé [Shigatsé]. Les livres de Kiu-té sont comparativement modernes, car ils ont été publiés dans les dix derniers siècles, tandis que les premiers volumes des Commentaires sont d’une incroyable antiquité, quelques fragments des cylindres originaux ayant pu être conservés. »[3]

Ces indications forment un ensemble quelque peu complexe…

Résumons :

« Kiu-Té » dénomme un ensemble de livres qui comporte :

  • 35 volumes accessibles à tous, de nature, donc, « exotérique » ;
  • 7 livres sacrés et secrets qui produisirent, au cours des siècles, 14 volumes appelés « Commentaires »
  • Le premier de ces 14 Commentaires est « le Livre de Dzyan » qui signifie « état de connaissance » en sanskrit. Ceci signifie qu’il s’agit d’un ouvrage dont le contenu est donné comme le fruit de la vision d’Adeptes ayant atteint un degré de conscience illuminée.
  • « La Doctrine Secrète » est une explication, une divulgation, une sorte de commentaire, de ce Premier Commentaire dit « Livre de Dzyan ».

En conséquence, le lien prévalant entre les Enseignements contenus dans « La Doctrine Secrète » et les « extraits du Tanjour et du Kanjour » eût pu être réellement et pertinemment constaté, à l’époque même de Madame Blavatsky, si un examen avait été mené de bonne foi… Or, c’est ce qui a le plus  fait défaut à ceux qui se sont penché sur ce qu’elle offrait au monde. Car, de fait,  c’est bien dans le Kanjour et le Tanjour que se trouvent, ainsi qu’H.P. Blavatsky l’avait elle-même déclaré, ces Livres de Kiu-Té et leurs Commentaires occultes qui sont, ensemble, la Source de son information.

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[1] (Della Penna di Billi Francesco Orazio, “Breve notizia del regno del Thibet, 1730, republié à Paris dans le Nouveau Journal Asiatique, 1835). [2] Reigle David « The Books of Kiu-Te, or the Tibetan Buddhist Tantras ; a Preliminary Analysis », San Diego (U.S.A.), Wizards Bookshelfs, 1983, p. 2.
[3] « La Doctrine Secrète », t.6, pp. 101-102. Ed. française Adyar.

Le « Kâlachakra »
document secret au sein du Kiu-Té

Lorsqu’en 1959, le Tibet fut pris par les communistes chinois, cent mille réfugiés fuirent le pays, emportant avec eux leurs possessions les plus précieuses. Parmi celles-ci se trouvaient les textes du Kâlachakra, incluant de nombreuses interprétations effectuées au Tibet durant les millénaires de son isolement. Cet Enseignement Secret originel, appelé Kalachakra, ainsi qu’un supplément, tout aussi secret que le document précédent, étaient inclus dans le Kiu-Té et bien connus des Instructeurs de H.P. Blavatsky. Celle-ci eut donc elle-même connaissance de ce contenu.
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  I – Origines du Kâlachakra Dans « La Doctrine secrète », Mme Blavatsky avait elle-même insisté sur l’importance de ce texte, le Kâlachakra, qu’elle définissait comme « le plus important ouvrage dans la division Gyut [rGyud ] du Kanjour, la division de la Connaissance mystique »[1]. Notons le fait remarquable que Mme Blavatsky connaissait parfaitement le livre de Kiu-Té sous son nom le mieux approché phonétiquement et que la corrélation entre le rGyud et le « Kiu-te » était pour elle évidente ; preuve, s’il en était besoin, que le mépris et la négation qui ont entouré son œuvre procèdent d’une totale mauvaise foi et d’une complète ignorance de son contenu. Le Tibétologue David Reigle retrace de manière très suggestive l’histoire de cette division du Kiu-Té. Et cette histoire fait apparaître sous un jour nouveau l’origine des Enseignements révélés par H.P. Blavatsky :
  • Le Bouddha Gautama donna un Enseignement Secret au Roi de Shambhala, Suchandra.
  • Suchandra retourna dans son royaume et rédigea cet Enseignement en 12000 vers qui porta le nom de « Mûla Kâlachakra Tantra ». Il fut donc conservé à Shambhala pendant de nombreux siècles, inconnus du reste du monde.
  • Le Législateur Mänjusrîkîrti[2], le premier d’une lignée de 25 Législateurs[3], fit un résumé (car l’original en 12000 vers était devenu trop difficile à comprendre, même pour les habitants de Shambhala) de cet Enseignement Secret.
  • Législateur Pundarîka, successeur du précédent, écrivit à son sujet un vaste Commentaire appelé Vimalaprabhâ.
  •  Au Xe siècle de notre ère, un Pandit indien voyagea vers Shambhala et ramena en Inde le résumé du Kâlachakra Tantra, composé en 1047 vers, ainsi que son commentaire, le Vimalaprabhâ. Ceux-ci étaient écrits en Sanskrit puisque tel est le langage de Shambhala.
  • Au XIe siècle de notre ère, ces deux documents (Kâlachakra Tantra  et Vimalaprabhâ) furent amenés de l’Inde au Tibet et traduits dans la langue tibétaine. Maintenant ces traductions existent respectivement dans le Kanjour et le Tanjour tandis que des copies des originaux sanskrits ont été préservés au Népal.
  • Au Tibet, du Kâlachakra furent préservés pendant un millier d’années jusqu’à ce que survint la dévastation opérée par la l’invasion chinoise de 1959.
Kala Mandala

Tanka du Kâlachakra Tantra

II – Supplément secret donné au Kâlachakra De nombreuses « interprétations » du Kalachakra furent faites au cours des siècles. Suivons cette élaboration et cette transmission :
  • Un érudit tibétain, Budon (XIIIe siècle de notre ère) et son contemporain Dolpopa, firent respectivement des compilations et des commentaires sur les documents ((Kâlachakra Tantra  et Vimalaprabhâ).
  • Dolpopa fonda une École, appelée « Jonangpa » , liée au Bouddhisme tibétain, qui fut officiellement proscrite au XVIIe siècle  en raison de ses doctrines considérées comme hérétiques au regard du Bouddhisme « exotérique » officiel .
  • Târanâtha, un philosophe lié à cette École Jonangpa du XVIe siècle laissa quelques travaux sur le Kâlachakra qui sont d’une importance particulière car ils nous informent de la nature des « interprétations » du Kâlachakra que possédaient cette École. Nous apprenons ainsi que l’École Jonangpa étudiait  avant tout les Enseignements du Kâlachakra et du Tathâgatagharba. (Tathâgata-gharba = matrice des Tathâgata ; Tathâgata = Dhyani-Bouddha ou Dhyan-Chohan »). Le terme Tathâgata se trouve dans les textes sanskrit bouddhistes, Dhyani Bouddha est un équivalent forgé par les auteurs bouddhistes modernes, et Dhyan-Chohan est un équivalent utilisé dans les écrits théosophiques.
Le Tibétologue, David Reigle précise :
« Il est remarquable  que cet Enseignement (celui du Tâthâgatagarbha) tel qu’il est interprété par eux (les affidés de l’École Jonangpa), est en harmonie avec « La Doctrine secrète », et  constitue également ce en quoi « La Doctrine Secrète » diffère du Bouddhisme orthodoxe ».
Cette dernière remarque est extrêmement importante : en effet, c’est en raison des divergences constatées entre certains axiomes de la Théosophie et ce qui était accessible aux orientalistes, à l’époque de Mme Blavatsky, que le discrédit a été jeté sur l’authenticité de sa Doctrine. Remarquons que Târanâtha affirme qu’immédiatement après leur introduction en Inde – en provenance de Shambhala – le Kiu-Te et ses Commentaires furent transmis secrètement de manière ininterrompue de Maître à Disciple « pendant près de 300 ans ». Ceci confirmerait le caractère profondément occulte des commentaires oraux dont les Instructeurs de Mme Blavatsky font si grand cas tout en soulignant le lien de leur Enseignement avec celui de la secte préservatrice, Jonangpa.
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III – Transmission du supplément secret du Kalachakra au Panchèn Lama et aux Maîtres de Madame Blavatsky

Suivons encore le cheminement de ces textes secrets :
  • Le Grand réformateur du Bouddhisme Tibétain, Tsong-kha-pa (1357-1419) reçut la Tradition du Kâlachakra via les deux instructeurs qui précèdent,( Budon et Dol-po-pa).
  • Kedrupjé, disciple de Tsong-kha-pa, prépara une grande « interprétation » du Kâlachakra en 4 volumes, à côté de  plusieurs ouvrages plus courts sur le sujet. Kedrupje est considéré comme une des premières Incarnations des Panchen Lama.
  • La lignée des Panchèn Lama a donc continué la transmission de cette Tradition du Kâlachakra. Elle en est la protectrice particulière du Kâlachakraet son monastère, Tashi-lhunpo, a été le centre majeur des études sur le Kâlachakra au Tibet. Le Ier Panchèn Lama, (1569-1662) écrivit un commentaire secondaire sur le  Vimalaprabhâ d’après les travaux de Kedrupjé et fonda le Collège tantrique de Tashi Lhunpo.[4]
  • Le IIIe Panchèn Lama fonda le Collège du Kâlachakra à Tashi lhunpo dont le nombre des étudiants est limité à vingt-cinq.
  • Le Rituel du Kâlachakra fut obtenu auprès du Collège du Kâlachakra de Tashi-lhunpo par le VIIIe Dalaï Lama (Jamdpal Gyasto,1758-1805) lorsqu’il le visita qui le transmit à au Collège Nomgyal Dotsaang, une École tantrique privée du Dalaï Lama qui reçoit 16 étudiants adonnés au Kâlachakra.
Toutes ces données nous ramènent, de façon très précise, aux allégations de Mme Blavatsky concernant les Sources de « La Doctrine Secrète ». David Reigle met un terme à sa démonstration en abordant la dernière énigme qui subsiste : l’identification des Stances de Dzyan, fondements de La Doctrine secrète[5]. Cet Universitaire déclare :
«  Depuis l’identification évidente des Livres de Kiu Te (rGyud-sde) comme étant les Tantra bouddhistes tibétains, en 1981, je me suis longtemps douté que le « Livre de Dzyan », duquel les Stances de « La Doctrine Secrète » étaient traduites, pouvaient être le Mûla (Racine) Kâlachakra Tantra perdu.  »
Il énumère cinq raisons qui fondent cette découverte et réhabilitent les allégations de Madame Blavatsky :
  1. Le texte abrégé qui subsiste du Kâlachakra est toujours placé en tête des textes du Kanjour ; pareillement, Madame Blavatsky  situe le « Livre de Dzyan » comme le « Premier des 14 volumes de Commentaires » du Kiu-Té.
  2. La localisation du plus grand centre d’étude du Kâlachakra était le monastère de Tashi lhunpo, adjacent à la résidence des Maîtres de Mme Blavatsky, à Shigatsé (Tibet).
  3. La référence à Shambhala est constante, dans la littérature théosophique, comme source de ses Enseignements ; elle est pareillement la référence du texte du Kâlachakra.
  4. Seul, le Kâlachakra, parmi les livres de Kiu-Té, accorde à la Cosmogenèse et à l’Anthropogenèse une place centrale. C’est également le cas de « Stances de Dzyan » dont « La Doctrine secrète » est un commentaire.
  5. Le terme « Dzyan » est une transcription phonétique tibétaine du sanskrit « Jnâna » qui signifie « la Connaissance-Sagesse ». Or, « Jnâna » est également le titre de la cinquième et dernière section du Kâlâchakra.
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[1] « La Doctrine Secrète », vol. VI, p. 82. [2] Jam-dpal Grags-pa en tibétain. [3] Kalkis en sanskrit et Rigden ou Rigs-ldan en tibétain. [4] Le IIIe Panchèn Lama (1737-1780) écrivit le plus fameux des « Guides vers Shambhala ». Son guide semble être fondé sur celui du Tanjour, (le Kalâpâvatârâ), traduit par Târanâtha à partir d’un original sanskrit maintenant perdu. Le nom de Shambhala a donc toujours été relié à « la Sagesse sans Âge. » [5] (D. Reigle, « Light on the Dzyan : Kalachakra », Symposium on H.P.Blavatsky’s Secret Doctrine, Proceedings Sat. & Sun. Juillet, 21-22, 1984, Wizard Bookshelf, San Diego, California. )