Qu’est-ce que la Doctrine Secrète ?

Nous reproduisons ici intégralement – hormis quelques notes – la réponse apportée par le prologue que signa Alexandre Moryason en faveur de l’ouvrage de Noël Richard-Nafarre, paru en 1992, et intitulé : « Helena Petrovna Blavatsky ou la Réponse du Sphinx ».

« Elle est venue jusqu’à nous, la Connaissance de Dieu et par sa venue, mon enfant, l’ignorance sera chassée. Elle est venue jusqu’à nous, la Connaissance de la Joie et par sa venue, mon enfant, la tristesse fuira vers ceux qui ont de la place pour la recevoir »

Corpus Hermeticum (XIII, 8)

Un ouvrage qui ne contribue pas à l’effort de l’Humanité pour vaincre la souffrance ne mérite pas, à mon sens, une valorisation ni une recommandation particulières. Et si telle n’était la biographie présentée dans ce livre, ce parrainage ne serait qu’un jeu de mondanités littéraires inutiles. » « Mais la vie d’Helena Petrovna Blavatsky ouvre, par l’Œuvre entreprise, les Portes d’Or de la Connaissance dont les hommes ont rêvé pendant des âges jusqu’au dernier quart du XIXe siècle. » « Si cette Connaissance est tant convoitée, c’est qu’en elle réside la solution du problème fondamental de l’existence : l’ignorance du processus fatal qui pousse les êtres à naître, à souffrir, à lutter et enfin à mourir. » « Et qu’ont tenté de faire toutes les Religions, toutes les hypothèses philosophiques et les spéculations métaphysiques de l’intellect, si ce n’est de vouloir répondre à l’angoisse d’être sans savoir pourquoi? Devant l’échec patent de ces démarches séculaires, qu’essaient encore de résoudre nos sociétés si ce n’est l’énigme du bonheur humain qui semble toujours fuir ? Le bien être matériel de l’Occident d’aujourd’hui ne met pas fin aux affres de l’Âme. » « Pourtant, aux questions essentielles que s’est toujours posé l’Humanité sur son origine et son devenir, une Réponse magistrale a été apportée voici un siècle dans les écrits de Madame Blavatsky par des Hommes qui ont transcendé la souffrance pour avoir pratiqué assidûment la Science de l’Esprit. Ont-Ils été les premiers à nous donner la solution? l’Histoire nous enseigne, hélas, que non. »
« Lorsque l’on se promène aujourd’hui à Alexandrie, on ignore généralement que sous ce ciel radieux s’est commis, en l’an 415 de notre ère, un crime qui scella le pénible détour de l’évolution, en Connaissance et en maîtrise de l’existence, de ce qui, en Occident, s’arrogea ultérieurement le titre de “Civilisation”. » « Celui qui sait, cependant, pourra difficilement retrouver, à quelques trois cent mètres à l’ouest de la place Saad Zaghlul, les lieux de cette immolation passée car la ville semble, dans sa honte, avoir détruit l’Église du Cæsareum[1] pour ne jamais la relever de ses ruines. Pourtant, non loin de là, au Siège du Premier Patriarcat d’Alexandrie, à présent église Copte, l’assassin dort encore, enseveli dans la crypte, canonisé par l’Église et honoré par le Christianisme. » « En effet, au début du Ve siècle apr. J.-C., Cyrille[2] régnait en qualité d’Évêque sur la foule d’Alexandrie. Il avait été à bonne école auprès de son oncle, Théophile, le précédant Évêque, qui fut un “homme audacieux et pervers […] dont les mains se souillaient alternativement d’or et de sang… »[3]. Cyrille déchaîna les chrétiens et les moines incultes du proche désert de Nitrie sur une jeune femme dont la seule faute était d’enseigner les Mathématiques, l’Astronomie, la Philosophie et de bien connaître la Théurgie : Hypatie[4], fille du mathématicien Théon et dernière étoile de la Sagesse Antique. En effet, Hypatie, dans les cours publics qu’elle donnait et que fréquentaient les esprits les plus brillants de cette époque, “dissipait, avec trop de succès, les voiles qui obscurcissaient les “mystères” religieux inventés par les Pères [de l’Église] pour que ceux-ci ne la considérassent pas comme dangereuse[5]. Ce fut pourquoi un jour, pendant le Carême de l’année 415, alors que du Musée elle se rendait chez elle[6], elle fut arrachée de son char par une populace fanatique qui, excitée par l’Évêque et menée par Pierre le Lecteur, se saisit d’elle. Ce fut alors la folie. Des gourdins s’abattirent sur elle et, dans ce cortège de violence, elle fut traînée dans son sang jusqu’à l’Église du Cæsareum, près des marches du sanctuaire. Ses vêtements arrachés, des dizaines de mains sauvages se mirent à la déchiqueter avec des coquilles d’huîtres[7]. On alla même jusqu’à racler les os. L’amas sanglant fut ensuite porté en un lieu appelé “Cinaron” et brûlé. »

La mise à mort d’Hypatie, philosophe, mathématicienne et théurge grecque (370 à 415 ap. J.C.) Illustration de J. Augustus Knapp © Mandly P. Hall

« Cette mise à mort révéla, de façon brutale, le sort que le Christianisme naissant avait commencé à réserver — et qu’il réserverait à l’avenir — au Patrimoine Culturel et Méditerranéen de l’Humanité. De fait, en ce temps-là, et grâce aux Édits de Théodose Ier[8], de nombreux “Pères” s’acharnèrent sur tout ce qui était susceptible de démontrer l’imposture devant asseoir la religion qu’ils érigeaient: manuscrits, cultes anciens, écoles de philosophie, statues des Dieux — lesquels représentaient en fait les Grands Principes Universels ; tout fut brûlé ou détruit à coups de pioches et les propagateurs de l’Ancienne Sagesse furent persécutés ». « Cet événement est relaté ici avec insistance parce qu’il stigmatise bien cette époque et qu’il permettra peut-être de prendre conscience de l’origine du contexte religieux et culturel dans lequel la majorité de nos contemporains, en Occident et au Moyen Orient, vivent depuis lors. Il fera également comprendre pourquoi la Science moderne devint essentiellement matérialiste lorsque l’Humanité, privée de sa mémoire véritablement historique, se réveilla à la fin du XVIIIe siècle[9] pour rechercher, à sa façon, la Connaissance.
« Il convient donc de se pencher brièvement sur le contenu de cette terrible dispersion. » « Issue du Nord de l’Inde[10], des centaines de milliers d’années avant J.-C., puis transmise à l’Égypte, à la Chaldée, et, comparativement de façon plus récente, en Grèce, la Connaissance des Lois Universelles régissant l’Univers (le Macrocosme) et l’homme (le Microcosme) ainsi que la mise en œuvre de celles-ci (donc les pratiques liées à l’ascèse fondant l’évolution harmonieuse de l’être) était dispensée dans des Temples auxquels pouvaient accéder tout homme et toute femme instruits et dont l’éthique intègre était solidement établie. » « Cette Doctrine était secrète et seules les élites en bénéficiaient car les masses, encore incultes car soumises, pour la plupart, à un statut social inférieur empêchant toute instruction, devaient être préservées de toute utilisation destructrice de ce Savoir. Aussi, se manifestait-elle pour le peuple sous la forme d’une “religion”, celle-ci n’étant que l’expression allégorique des Lois Universelles. En réalité cet Enseignement était unique et commun à tous les peuples mais il empruntait, pour se concrétiser, un symbolisme adapté à la nature propre des ethnies contactées. C’est pourquoi, sous des apparences multiples, la même Vérité était diffusée. » « S’agissant de l’ensemble des Lois de l’Univers, la Doctrine secrète englobait donc, dans son champ d’appréhension, tous les Plans existant dans le Cosmos et, en conséquence, ce que nous nommons “matière” et “esprit”:
  • Elle expliquait « les Mathématiques sacrées » ou « Science des Nombres » — et son complément indispensable, l’Astronomie — qui permettait de comprendre l’ordonnancement des Énergies et des Mondes, appelés aussi « Dieux » et de ce symbolisme vint le mot « Théogonie » : la « Genèse des Dieux ». Explicitant le monde dense dans lequel nous vivons, elle enseignait les Mathématiques « terrestres », et considérant l’action des Forces Cosmiques sur les êtres et les choses, elle s’adonnait donc aussi à l’Astrologie.
  • Connaissant les propriétés cachées des trois grands règnes de la Nature et les forces du psychisme humain, elle offrait une Médecine efficace et l’anesthésie par hypnose; s’agissant d’accélérer l’évolution de la matière en opérant une mutation de l’électromagnétisme initial inhérent à celle-ci, elle permettait d’œuvrer tant sur les minéraux (transmutations métalliques), les végétaux, que sur le corps humain (absorption de certaines substances); elle divulguait ainsi les principes de l’Alchimie.
  • S’attachant au « bonheur » véritable de l’homme, elle offrait à celui-ci les moyens de maîtriser en premier lieu sa propre nature et ensuite son environnement, en divulguant les deux Phases de la Magie ou Théurgie :
  1. La Purification ou Art de soumettre l’Électromagnétisme individuel à l’action de l’Électromagnétisme Universel afin de dénouer l’entrelacement névrotique des énergies structurant le psychisme et l’intellect et de permettre ainsi l’émergence de la Divinité en l’homme. Sont incluses entre autres dans ces techniques la concentration, la méditation ainsi que l’action du souffle, de la visualisation et de certains Sons, sur certains centres subtils de l’être humain.
  2. L’action sur l’environnement (guérison, matérialisation, etc.), par la mise en œuvre —via le Pouvoir du Verbe ou d’êtres subtils planétaires et de hiérarchies élémentales— de l’Électromagnétisme Universel agissant dans ses spécificités.
« Fondée sur des Rites, une Gestuelle précise et l’usage de figures géométriques, la Théurgie était “cérémonielle” ou “opérative”; utilisant la Science du Verbe, elle mettait en œuvre la véritable “Kabbale”. » « Cet Enseignement diffusait, en conséquence, les fondements, non seulement de ce qui est devenu aujourd’hui la “Science Moderne”, dans les multiples domaines de cette dernière, mais aussi de la constitution complexe des êtres et du principe essentiel qu’est, dans l’Univers, le phénomène de la Conscience. » « De cette exhaustivité résultait un pouvoir d’agir sur la matière ainsi que sur la structure subtile de l’être humain que la Science occidentale et les religions ignorent encore. » « Toutefois, au cours des millénaires, la transmission de cette Doctrine secrète suivit deux voies divergentes :
  1. En Orient, elle survécut, dans un premier temps, dans les Écoles secrètes Védiques, au Nord de l’Inde —d’où elle fut originairement divulguée— et vers lesquelles s’acheminèrent, d’Égypte, de Grèce et d’Asie Mineure, dès la fin du IIe siècle de notre ère, des manuscrits précieux que les remous de l’Histoire occidentale s’apprêtaient à détruire. » « Elle se concentra, à partir du VIIe siècle, au Tibet. Ce fut le premier Roi Bouddhiste, Song Tsen Gam-po, qui fit venir de l’Inde, à cette époque, des manuscrits inestimables et sauva donc ceux-ci de la destruction devant frapper par la suite, en Inde-même, de nombreuses traces écrites de l’Enseignement. Naropa, l’Instructeur Indien, légua, au XIIe siècle, d’autres manuscrits à Marpa le Traducteur qui les ramena au Tibet. Lorsqu’au XVe siècle, le Grand Tsong Kaparé forma le Bouddhisme Tibétain, cette Doctrine —dans toutes ses disciplines : Cosmogénèse, Anthropogénèse, Médecine, Astronomie, Astrologie, Théurgie, etc.— était déjà entièrement sauvée de l’obscurantisme qui était tombé sur le monde. Le Tibet allait préserver ainsi, dans le silence de ses Monastères inaccessibles, la Mémoire humaine. »
  2. En Occident : par le cours de l’Histoire, cette Connaissance Globale Antique devint éparse et s’occulta de plus en plus car son fondement le plus efficace, la Théurgie, constituait un instrument de destruction aux mains d’hommes à l’éthique peu sûre, qui avaient accès d’une façon ou d’une autre à ce Savoir particulier, — ce pouvait être la caste des prêtres elle-même. » « Ainsi, dès le XIVe siècle avant J.-C., l’accès à l’Enseignement de la Doctrine secrète dans les Temples d’Égypte devint de plus en plus difficile. Il existait, certes, et des Initiés célèbres, postérieurs à cette charnière du temps, reçurent leur formation, mais la quête de l’Initiation était devenue plus ardue et, au Ve siècle avant J.-C., même en Grèce, les Grands Mystères, Écoles de Sagesse secrètes, étaient déjà tombés, en réalité, en désuétude. Il en était de même des Écoles de Sagesse chaldéennes qui continuaient, via de nombreuses Sectes, à diffuser l’Enseignement, mais celui-ci était de plus en plus secret. »[11]
« C’était donc cette Doctrine secrète que Pythagore de Samos divulguait à Crotone au VIe siècle avant J.-C. et dont Platon, qui avait beaucoup appris en Égypte[12], révélera un siècle et demi plus tard les aspects essentiellement philosophiques. » « Ceux-ci recelaient notamment le concept de la Triple Nature Divine dont se sont emparés les Pères de l’Église, près de huit siècles plus tard, afin d’asseoir le Dogme de la Sainte Trinité. » « À Alexandrie d’ailleurs, un siècle avant J.-C., les Juifs divulguèrent un traité de Philosophie contenant les préceptes de l’École Platonicienne. Cet ouvrage devint pourtant, pour les Pères, “le Livre de Sagesse de Salomon” dont aucun original en hébreu ne fut jamais trouvé. » « Toutefois, à la fin du IIe siècle de notre ère, la Doctrine secrète commençait à se restructurer en Occident. Elle était diffusée à Athènes et à Alexandrie où, Ammonios Saccas, abordait dans ses cours, sous le nom de “Théosophie Éclectique”, aussi bien la Cosmogénèse (Étude de l’Essence Divine infinie de l’Univers, Se manifestant par des Mondes : Mathématiques, Astronomie, etc.), l’Anthropogénèse (Étude l’homme en tant qu’aspect de l’Âme Universelle) et la Théurgie (Œuvre Divine permettant à l’homme de dépasser sa condition et atteindre le règne divin). Ce dernier ou troisième aspect de l’Enseignement, ainsi que l’appréhension exhaustive des deux précédents, était confidentiel. »

Platon

« Cependant, la Théurgie, en raison de la confusion qui en était faite avec la sorcellerie, fut rejetée, dans un premier temps, par les disciples — mêmes d’Ammonios (Plotin, et le successeur de ce dernier, Porphyre); puis ceux-ci l’adoptèrent — mais jamais officiellement — à la suite de leur propre Initiation et du brillant exposé de Jamblique dans son “De Mysteriis” sur cette Science Divine. » « Une diffusion plus ouverte de la Doctrine, fondée sur les Enseignements “exotériques” de Platon se fit au IIIe siècle et donna naissance à l’École “Néoplatonicienne”. Les textes et discours officiels de ces auteurs se référaient à l’aspect purement philosophique car les pratiques devant mener à l’extase — dont la “Catharsis” (purification) par la Théurgie — n’étaient pas divulguées. » « Un siècle après, à la fin du IVe siècle de notre ère, les Pères se résolurent à détruire le Platonisme et, dans ce contexte général d’ignorance violente, “la théorie de la persécution fut établie par Théodose dont les saints de l’Église ont loué la justice et la pitié.”[13] « C’était donc cette Doctrine qu’enseignait, en partie, publiquement, Hypatie dont le meurtre mit fin à la protection dont bénéficiaient les Adeptes de l’École Néoplatonicienne d’Alexandrie en raison de l’heureuse influence qu’avait exercé la jeune femme sur Orestes, Préfet d’Égypte et résidant dans cette ville. Déjà, en 391[14], le Sérapeum, “fille” de la Bibliothèque d’Alexandrie, qui contenait de précieux témoignages de la Connaissance, avait été mis en pièces et les parchemins jetés au feu[15]. Une horde de fanatiques avait tout saccagé, pendant que Théophile, son Évêque, “excitait l’assistance[16]… La mort d’Hypatie reste donc le symbole du tournant décisif qui s’opéra au Ve siècle de notre ère quant à l’évolution ultérieure des peuples du Moyen-Orient et d’Occident. » « Cette destruction, “dont les chefs spirituels de l’Église dirigeaient ou plutôt excitaient la furie[17], substitua au “Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux”, la devise qui allait gouverner les esprits jusqu’aux premiers pas de la Science Moderne: “Crois, sans chercher à savoir”. Étaient ainsi évitées des investigations très dérangeantes sur l’origine non seulement de certains dogmes du Christianisme mais aussi des Sacrements et du Cérémonial Théurgique de ce dernier. » « Ce détournement fut le fait volontaire d’hommes, avides de pouvoir, manipulant le plus grand nombre. Avec le temps, l’esprit d’inquisition et de soumission aux dogmes chrétiens instauré par la politique religieuse de Théodose Ier généra en Occident, au sein de l’Église “Catholique et Romaine”, la torture et la mise à mort de tout contradicteur ainsi qu’un système pernicieux d’asservissement de la pensée collective en général et des dirigeants politiques en particulier. » « Destruction longue et douloureuse qui fit périr sur des bûchers, errer sur les routes d’Europe ou fuir dans le monde musulman ceux qui s’adonnaient à la résurrection de cette Auguste Science! Et ce furent des philosophes arabes des Écoles de Cordoue et de Bagdad, qui réussirent à en sauver de précieux fragments… En réaction, certains hommes se réunirent, ils formèrent ainsi des groupes liés par serment de silence en raison de la terreur prévalante. Kabbalistes juifs et chrétiens, Soufis, Alchimistes, Mages, tous reformèrent la grande famille de l’Hermétisme, nantis de documents rescapés du ravage, généralement tronqués et dont le symbolisme sibyllin portait à interprétation diverse. » « Les agissements de certains, commencés au IVe siècle de notre ère, puis poursuivis bien plus tard, portèrent donc préjudice au Christianisme, d’une part par la divulgation d’une doctrine dévitalisée de ses Sources Intelligentes et, d’autre part, par la cruauté exercée pendant des siècles. Mais, malgré l’horreur ici évoquée, le Message du Christ n’a pu être souillé: bien au contraire, il fonda la Quête spirituelle sincère de milliers d’hommes et de femmes et fit de certains des êtres d’exception, accédant même à l’Illumination. » « La fusion de la Sagesse Antique avec les Fondements Christiques aurait pu être un instrument d’éducation accélérée des masses dont nombreux, selon les progrès individuels réalisés, auraient eu ainsi la possibilité d’accéder à l’Initiation d’une Connaissance plus haute et plus opérative ». « Mais aujourd’hui encore, l’icône de “Saint Cyrille” est vénérée et les fidèles des Églises d’Orient peuvent, selon la coutume, y déposer un pieux baiser.. ».

« Cette Doctrine secrète n’est pas morte. Longtemps gardée sous le boisseau, elle fut portée pour la première fois à la connaissance du public à la fin du XIXe siècle. »

« Reprenant le Flambeau laissé officiellement pour éteint au Ve siècle, Helena Petrovna Blavatsky divulgua les deux premiers aspects de la Théosophie Éclectique tendant à réconcilier toutes les religions dans un système fondé sur des Vérités Éternelles : Cosmogénèse et Anthropogénèse, soit la formation de l’Univers et des mondes ainsi que la genèse et la structure occulte des 5 règnes de la Nature, selon les diverses phases de leur évolution respective: minéral, végétal, animal, humain et “divin” car l’accomplissement final, pour ce cycle planétaire, d’un être humain a également été décrit, techniquement, méthodiquement, scientifiquement. » « Ces mots peuvent sembler abstrus et d’aucuns ne se sentiront pas concernés par cette énumération. Pourtant, là réside le plus beau cadeau que l’Humanité ait jamais reçu depuis fort longtemps… » « Ouvrant enfin grandes les portes des Temples de Traditions diverses, Helena P. Blavatsky décrypta, en un langage adapté au monde moderne, les Symbolismes multiples sous lesquels s’était exprimée la Connaissance Unique ; révélant le fil d’or qui les unissait tous, elle offrit aux hommes les Clés de la Compréhension de l’Univers afin que ceux-ci pussent appréhender le monde dans lequel ils vivaient, savoir ce qu’ils étaient et connaître le but qu’ils devaient atteindre individuellement (par la Voie accélérée dite “Initiatique”) ou collectivement (Voie lente de l’évolution globale décrite par phase). » « L’Humanité venait de renouer avec ses Origines et avait un Devenir. L’Éternité de la Vie à conquérir par le développement de la Conscience n’était plus affaire de foi ou de dogme. Elle est le fondement même de l’Univers car telle est la Loi. » « Si Helena P. Blavatsky prononça le réquisitoire le plus solidement argumenté contre l’Église —et contre toute religion destructrice— ce ne fut pas pour ternir l’Image du Christ mais pour sauver celle-ci de l’utilisation malsaine qui en fut faite. “Les Prêtres vous ont affirmé l’existence de l’Enfer éternel auquel vous destinait une seule pauvre vie d’ignorance et donc d’erreurs; ils ont garanti leur service comme seul intermédiaire possible entre vous et votre salut, s’attachant à faire disparaître jusqu’aux traces, la Science des Mages et des anciens Hiérophantes qui avait le pouvoir de vous libérer de vos maux.” Voilà ce qu’en substance Helena P. Blavatsky écrivit. » « Ce fut cette Vérité qu’elle redéfinit sous l’ancien nom de “Théosophie” et dans ce même contexte nous détenons d’elle la synthèse la plus brillante qui fût jamais faite des Religions, des Mythes et de toutes les Écoles Philosophiques passées. L’universalité de la véritable Connaissance venait d’être démontrée. » « A l’instar des Professeurs de la Sagesse Antique, elle s’attacha à recourir sans cesse au stade atteint, dans son siècle, par la Science et l’expression de la spiritualité générale afin de restaurer à nouveau la Philosophie et l’ascèse conduisant aux Mystères. » « Cependant, en raison de la remise en cause fondamentale des anciennes structures que générait son Message (les religions et leurs églises respectives, les mouvements ésotériques occidentaux en mal d’un Judéo-Christianisme qu’ils tentaient d’ennoblir, les doctrines de l’Inde pétries dans une orthodoxie conservatrice et déviée, le spiritisme s’accrochant à des croyances malsaines, la Science engoncée dans le matérialisme, le positivisme et le mécanisme, enfin le sexisme s’exerçant à l’encontre d’une femme œuvrant dans un domaine que les hommes se sont réservé depuis toujours…), Helena Petrovna Blavatsky fut vilipendée. Mais ce rejet même plaide pour la grandeur de son travail car elle subit ainsi le sort que les hommes ont toujours réservé à ce qu’ils ne pouvaient immédiatement comprendre et qui dérangeait leur confort social, mental ou religieux. » « En conséquence, s’attarder ici sur le discrédit dont elle fut victime serait jeter sur la splendeur de l’Œuvre les vagissements de l’ignorance et l’aveuglement des passions. » “Mes livres, disait-elle d’ailleurs, ne seront compris qu’à la fin du prochain siècle.” Nous y sommes. Elle aurait pu ajouter: “Mon œuvre et ma vie elle-même, tellement liée à Ceux Qui m’envoyèrent ne seront compris que dans un siècle”. Il est vrai que son Enseignement fait bonne récolte de nos jours et que l’insolite qui a pavé sa vie est mieux à même d’être expliqué. » « Quant à aborder à présent, la problématique générée par Ceux Qui, à travers elle, délivrèrent cet Enseignement, — Ceux que l’on appela les Maîtres “de Mme Blavatsky”… —, “l’art d’agréer” vaut mieux que celui de “convaincre”. C’est pourquoi il appartient à chacun de forger ses propres convictions au regard de ce qu’il aura saisi du Message. » « En vérité, pour appréhender ces Grands Êtres, les critères de jugement de notre mental actuel ne suffisent pas car Ils ne sont perçus qu’à travers un certain battement du cœur et la transparence de l’esprit. Nous Leur devons, néanmoins, la charité d’avoir placé sous les yeux des hommes la Réalité Sublime de l’Adeptat, s’exposant ainsi Eux-mêmes à l’incompréhension du plus grand nombre pour le bénéfice du plus petit. » « Cependant, des Écoles ont fleuri en faisant appel, à juste titre, aux “Maîtres”, Ceux-là – mêmes qu’Helena. P. Blavatsky révéla au monde. Et en ces jours de mutations profondes, il semble que la notion de “Fraternité Transhimalayenne” devienne, pour un grand nombre, l’Espoir de renouer avec le Courant de Vie. » « A défaut de cette perception subtile, il est regrettable que les Maîtres et Leur Disciple aient été bannis par ceux-là mêmes à qui ils avaient enseigné. Si “nul n’est prophète en son pays”, Helena P. Blavatsky ne le fut point dans la Société Théosophique ». « Mais il fut écrit: “Périsse la Société Théosophique plutôt que de se montrer ingrate envers H.P.B.” Cette phrase, en raison de la qualité de son Auteur, a-t-elle eu le Pouvoir du Verbe ? »[18] « Toutefois, le Message d’Helena P. Blavatsky a pénétré une grande partie des mentalités. C’est une victoire, une victoire fabuleuse, lorsque l’on considère le sort affreux qui fut réservé à Cagliostro, pour ne citer que le dernier grand martyr de l’Inquisition.. ». « Elle influença les philosophes, les artistes et les savants qui découvrent de plus en plus, — et l’expriment par des formules mathématiques — que la matière est “l’esprit densifié”… La notion “d’énergie” et de “vibration”, quant à la définition d’une réalité donnée, nous vient de la Doctrine Secrète, œuvre maîtresse d’Helena P. Blavatsky. » « De plus, cette victoire est d’autant plus réelle que le messager semble oublié ou inconnu tant l’Enseignement s’est distillé dans le vocabulaire quasi – quotidien de ceux-là mêmes qui ne se targuent pas d’Occultisme. Ainsi entend-on de plus en plus fréquemment, même par les médias, dans le discours courant, les expressions suivantes, digérées, intériorisées, normalisées: “C’est mon karma”. “ Peut-être est-ce dans une vie passée que… ” “Une vision astrale”, “mon corps astral”, “une belle aura”, etc. Et s’il arrive que certains, parmi le grand public, dénigrent “ce médium”, voire “cet imposteur”, ils n’ont pas moins intégré une série de notions psychologiques appartenant à la pensée blavatskienne. » « Par ailleurs, non seulement Helena P. Blavatsky désenclava, en Occident, les milieux poussiéreux de l’Esotérisme mais elle fut la cause directe de l’essor extraordinaire de ce dernier. Dans les milieux des Ésotéristes, les plus sérieux ne peuvent pas manquer de se référer à son Œuvre; les plus négligents préfèrent annoncer les Vérités qu’elle a révélées, dans les termes mêmes de leur auteur, sans la citer ; certains même “créent” tout un système métaphysique, réplique exacte de son Enseignement, en déniant ouvertement leur source… » « Cela est, en réalité, sans importance. Existe-t-il un plagiat dans le monde des idées ? Celles-ci circulent… et bienheureux celui qui capte les plus sublimes. On se réchauffe du soleil sans même le voir, et on pense de plus en plus, sans le savoir, selon l’impulsion investigatrice donnée par le Message théosophique. Si les rayons éclairent, faut-il pour autant adorer le disque de lumière lorsque l’Esprit vivifiant est au delà de cette apparence? “La transcendance de la Doctrine salvatrice doit seule être considérée et peu importe ce qui advient de l’Émissaire”. Ce sont des propos qu’Helena P.Blavatsky aurait pu tenir. »
« Il était souhaitable qu’existât un ouvrage sérieux en langue française sur la vie d’Helena P. Blavatsky et cette biographie, présentée dans ce livre, si elle est d’une lecture captivante, est néanmoins un travail objectif d’historien, une enquête fondée sur des sources de première main, les seules qui puissent fournir au lecteur matière à former sa propre opinion. » « Pareille démarche constitue une excellente introduction à la question fondamentale des Sources de la Tradition Ésotérique. Là est l’intérêt de cet ouvrage. » « Si donc, après avoir lu ce livre, l’étudiant sincère ou l’honnête homme de notre siècle, se plongent dans la lecture directe des œuvres de Mme Blavatsky, ils comprendront la valeur de l’Enseignement Traditionnel que nous avions perdu pendant longtemps mais que les hauteurs du Tibet avaient préservé. Si ce Prologue s’est tant attardé sur la Connaissance Ancienne et sur le circuit de la transmission de celle-ci, c’est pour tenter de susciter, hors de toutes querelles religieuses ou philosophiques, en toute vérité, une prise de conscience des possibilités qu’offrent les Enseignements divulgués actuellement — à l’instar du IIe siècle de notre ère — sous le nom de “Théosophie”. » « Appréhendant peut-être à présent la valeur universelle de ce qui est offert sous cette étiquette — séparatiste, par définition, et donc limitative — tout chercheur de bonne volonté s’empressera immédiatement de l’ôter car il aura compris que la Théosophie est la Science permettant d’accéder à la Sagesse Divine; il ne cantonnera plus celle-ci à une philosophie occulte, parmi tant d’autres, délivrée par une “dame russe” à la fin du XIXe siècle; bien au contraire, il saura qu’en réalité on ne peut s’affirmer Occultiste ou Ésotériste sans se dire “Théosophe”. »
« Par la libération complète de la souffrance, cet Enseignement donne, en vérité, les prémisses fondamentales conduisant l’être humain “à la plus grande de toutes les victoires qui puissent échoir à un mortel”. »[19] « Et puissent Ceux Qui guident les destinées humaines vers cette Victoire accorder aux chercheurs sincères la Compréhension du Chemin et la Volonté d’y œuvrer afin de conquérir l’Espace et l’Éternelle Conscience. »

Alexandre Moryason, 1992


(1) Caesareum ou Kaisareion : Temple érigé par la célèbre Cléopâtre VII Philopator en l’honneur d’Antoine. Octave Auguste le consacra au Culte Impérial et il prit le nom de Sebasteum. Au début du IIIe siècle de notre ère il fut détruit et à la même place et avec les mêmes matériaux fut construite une cathédrale appelée « église du Caesareum ». Après des vicissitudes, elle disparut en 912 à la suite d’un incendie. En 415, Hypatie y trouva la mort. (2) Cyrille avait succédé, depuis le 12 octobre 411, à son oncle au siège du Patriarcat lorsqu’il suscita le meurtre d’Hypatie. (3) Cf. Edward Gibbon « Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain ». (4) Musicologue et brillante mathématicienne – spécialiste des sections coniques – Hypatie écrivit divers traités. Elle apprit également le Théurgie avec Plutarque d’Athènes. Elle était vénérée comme un véritable Guide spirituel par ses contemporains lettrés dont Synésius de Cyrène qui devint Évêque de Ptolémaïs 3 ans avant la mort de la jeune femme. (5) Cf. « Isis dévoilée » de H.P. Blavatsky, vol. 2, p.283. Éd. Adyar. (6) « École », appelée « Musée » : Université faisant partie du Palais royal et construite au IIIe siècle av. J.-C. par Ptolémée Soter. Les savants de différentes époques en étaient membres. Le mathématicien Théon est l’un des représentants les plus connus du Musée ainsi qu’Hypatie. La grande bibliothèque d’Alexandrie, que de mythiques incendies auraient ravagée, était située dans le Musée, érigé dans l’enceinte du Palais royal. (cf. « La véritable histoire de la Bibliothèque d’Alexandrie » de L. Canfora, Éd. Desjonquières-1988). (7) Hesychius (Meursii opera, t. VII), cité par E. Gibbon. (8) Édits de Théodose Ier, Empereur de l’Empire romain, pris entre 380-394 de notre ère contre les « hérétiques » (9) Ce fut le savant Lavoisier qui, faisant fi des fondements hermétiques de ma Science diffusée jusqu’alors (Newton, Kepler, etc.) donna à celle-ci des critères essentiellement matérialistes. (10) L’Inde est considérée comme « point de départ » – 850.000 ans environ avant J.C. – car une explication plus vaste deviendrait une exégèse, ce que H.P. Blavatsky fit mieux que quiconque dans « La Doctrine Secrète ». (11) Toutefois le Temple d’Héliopolis continua d’officier secrètement jusqu’à ce que Théodose 1er ordonnât la fermeture de tous les sanctuaires de la Vallée du Nil. (12) « Platon parcourut l’Égypte afin de recevoir des prêtres étrangers la Science des Nombres et des choses célestes » : Cicéron, « De Finibus », V, 25. (13) Théodose 1er et ses édits, cités dans la note 6. Cf. E. Gibbon. Ibidem. (14) Destruction du Serapeum :  A. Marcellin donne comme date 389 et Prosper 391. (15) Le Serapeum ou Temple de Sérapis se trouvait dans le quartier égyptien de Rhacotis. Il était dépositaire de milliers de rouleaux qui étaient des doubles de ceux que contenait le Musée. (16) Cf. E. Gibbon. Ibidem (17) Cf. E. Gibbon. Ibidem (18) Lettre du Mahatma Morya n° 32 incluse dans les « Lettres des Maîtres de la Sagesse » 2e série, p.68. de l’Éd. de 1926. (19)  « Milarepa ou la vie de Jetsün Kahbum ». Éd. Maisonneuve